Dans les prochaines années, avec la transition énergétique et le démantèlement des réacteurs nucléaires, le marché des déchets nucléaires devrait connaître un véritable boom. En France, notamment, où l’activité pourrait générer quelque 650 millions d’euros par an.
D’ici 2035, en vertu de la Programmation pluriannuelle de l’énergie récemment adoptée par le gouvernement, 14 réacteurs nucléaires (900 mégawatts chacun) devraient être fermés, pour réduire à 50 % la part de l’atome dans la production électrique. Outre les problématiques liées à l’approvisionnement induites par cette diminution (12,6 gigawatts en tout), qu’il faudra nécessairement combler, les autorités françaises tout comme EDF, propriétaire du parc nucléaire français, seront rapidement confrontées au démantèlement des installations. Une « activité » sur laquelle planche l’électricien (entre autres) depuis de nombreuses années déjà, et qui pourrait bien devenir une filière industrielle à part entière.
Débat public
Car il y a de quoi faire. Le marché français du démantèlement, évalué à 650 millions d’euros par an (sur environ 200 milliards au niveau mondial d’ici 2050), est même appelé à « connaître un véritable boom dans les dix prochaines années à cause de la transition énergétique ». Si bien que « la filière est particulièrement porteuse d’avenir : sur le territoire français, EDF a estimé à 60 milliards d’euros le coût total du démantèlement pour ses 58 réacteurs en exploitation et ses 9 réacteurs en déconstruction, ainsi que la gestion des déchets ». A condition de savoir prendre son temps : on estime qu’il faut entre 15 et 20 ans pour démanteler un réacteur nucléaire.
Parmi toutes les questions soulevées par la déconstruction des installations, celle de leur radioactivité résiduelle arrive inévitablement sur le haut du panier. A Chooz (Ardennes), par exemple, l’un des trois réacteurs de la centrale est en train d’être démantelé ; la cuve (le cœur du réacteur où avait lieu la réaction nucléaire) doit être démontée et recouverte d’eau pour éviter toute émission radioactive. Une précaution nécessaire à chaque fois que les techniciens gèrent les fameux « déchets », qui remontent à la surface avant d’être acheminés dans des ateliers en béton spéciaux. D’où ils rejoindront ensuite les non moins fameux centres de stockage, un sujet particulièrement sensible qui interroge de nombreux Français.
L’Hexagone stocke actuellement près de 1,5 million de mètres cubes de déchets radioactifs, selon le dernier inventaire de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) publié en 2016. Dont 90 % sont faiblement ou très faiblement radioactifs (TFA-FA), et 3 % concentrent à l’inverse plus de 99 % de la radioactivité émise par le fonctionnement d’un réacteur. Pour ces produits de haute activité ou vie longue, une seule destination : le projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) de l’Andra, à Bure (Meuse), où ils seront stockés en profondeur pendant des milliers d’années. Concernant les premiers, les moins radioactifs, les acteurs de la filière ont décidé de lancer un débat public, du 17 avril au 25 septembre prochains.
« Bonne légitimité »
C’est la première fois que les Français pourront ainsi donner leur avis sur la gestion des déchets nucléaires. Un enjeu qui prendra de plus en plus de poids à mesure que la France avancera dans la transition énergétique, affirme Isabelle Harel-Dutirou, présidente de la Commission particulière et indépendante chargée du débat public sur la gestion des déchets nucléaires. « Il faut réfléchir s’il convient de les conserver, comme ils le sont actuellement, ou de prévoir des optimisations de leur gestion », se demande-t-elle, alors que l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) estimait en 2016 que le dispositif actuel a acquis « une bonne légitimité ». Ce qui n’empêche pas, selon lui, d’étudier d’autres pistes, comme « le recyclage par fusion » par exemple.
L’idée, derrière le débat public, est d’étudier le 5ème Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR), mis à jour tous les trois ans par l’Agence de sûreté nucléaire (ASN, le « gendarme du nucléaire »). Une situation inédite, alors que le « marché » des déchets nucléaires de faible activité est de plus en plus attractif. Et en voie de saturation : un tiers de ces déchets est stocké en surface sur les lieux de production ; les deux autres tiers sont acheminés vers le Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires) de Morvilliers (Aube), tandis qu’un premier centre, à Digulleville (Manche), est déjà plein. Ce qui ne devrait pas tarder pour le second, alerte l’ASN, qui s’est lancée à la recherche d’un nouveau site.
Concernant le démantèlement pur, EDF et Veolia ont signé l’an dernier un contrat pour la déconstruction de… sous-marins nucléaires appartenant à la marine nationale. Ou comment se « faire la main » et acquérir une certaine expérience en la matière. A l’époque, Antoine Frérot, patron du groupe français, reconnaissait que l’enjeu était de « construire une vraie filière industrielle pour travailler en France, mais aussi hors de France ». Aujourd’hui, la branche « Nuclear Services » de Veolia emploie 900 employés, et a fait un grand pas vers l’industrialisation du démantèlement des installations nucléaires, en acquérant en 2016 Kurion, une société franco-américaine qui a, par exemple, mis au point un système de vitrification des déchets. Une technologie qui intéresse tout particulièrement EDF, avec qui Veolia devrait créer cette année une coentreprise pour le démantèlement de six réacteurs.
Lancer un débat public… auprès d’un « grand public » qui n’y connait rien ou guère… reviendra – une fois de plus – à donner libre cours à tous les activistes préalablement « briefés » afin de donner du porte-voix à retentissement hyper-médiatisé. Absence de démocratie dans ce processus hypocrite et politique…
Vous pourriez ici faire oeuvre utile en jouant d’une vraie pédagogie vers ce grand public, comme tentent de le faire (en vain jusqu’ici ?) tant d’experts compétents .. dont l’impact sur les ignorants reste négatif en dépit de décennies d’efforts ! Autant prêcher dans le désert ?
Notons qu’il est essentiel de préserver le savoir-faire industriel européen en matière de CONCEPTION-CONSTRUCTION de nouvelles centrales. Car ce domaine est là aussi pris en charge par les yeux bridés ayant moins de soucis existentiels que nos populations apeurées sans connaître les dessous et défis.
Donc oui à une opportunité accrue pour les techniques de démantèlement (et d’enfouissement) en parallèle sur le maintien du savoir-faire d’AMONT…