Un projet de recherche franco-irlandais explore les interconnexions et la flexibilité des réseaux afin de dépasser les limites inhérentes aux énergies renouvelables.
Comment faciliter la transition écologique ? Le Parlement européen a soutenu un objectif de 35 % d’énergies renouvelables (ENR) dans le mix énergétique européen en 2030 – une hausse non négligeable par rapport aux 27 % initialement proposés par la Commission. Afin de favoriser leur développement, Bruxelles a accompagné la mise en œuvre de politiques de subventions publiques qui ont permis de faire rapidement chuter les prix des technologies liées aux renouvelables. Mais au-delà de la rentabilité du secteur, un autre problème inhérent à la nature de la plupart des sources renouvelables demeure : leur production n’est ni linéaire, ni corrélée à l’activité humaine.
« En 2030, la moitié de notre électricité pourrait être issue de sources renouvelables, mais comment intégrer autant d’électricité renouvelable dans le système ? », se demande justement Seán Kelly, eurodéputé irlandais du PPE, rapporteur pour la future directive sur les énergies renouvelables, actuellement en cours de négociations. La nature inconstante des ENR cause en effet des surproductions et des sous-productions passagères, qui pourraient toutefois être compensées par une redistribution plus tardive de l’énergie produite aux heures de grande activité – autrement dit, cette intermittence peut être compensée en stockant massivement l’électricité produite en excès.
Aussi, l’absence de capacité de stockage énergétique réellement efficaces a été un des principaux freins au développement massif de l’éolien et du photovoltaïque en Europe. Et ce alors que ces deux sources présentent un potentiel important. Pour cette raison l’irlandais EirGrid et l’électricien français EDF ont décidé de collaborer au sein du projet EU-Eu-SysFlex, qui vise à mieux intégrer les ENR. Avec une capacité de gestion d’un mix énergétique à 65 % renouvelable, l’Irlande se place « à l’avant-garde de la transition énergétique » et devrait servir d’exemple au reste de l’UE, d’après Denis Naughten, le ministre irlandais de l’Énergie.
« L’exploitation d’un réseau restreint avec ce pourcentage d’énergies renouvelables est vraiment une grande réussite (..) qui aurait été jugée inimaginable il y a quelques années » souligne le ministre. Inspiré par le modèle irlandais, le programme Eu-SysFlex développe des solutions visant à améliorer l’interconnexion et la flexibilité des réseaux. « Nous comptons sur la flexibilité du système grâce à l’introduction des voitures électriques et des habitations intelligentes », précise Catharina Sikow-Magny, de la DG énergie de la Commission. Un développement qui souligne le rôle central que les gestionnaires de réseaux seront amenés à jouer dans la gestion de la transition énergétique.