Après l’inclusion du nucléaire dans la liste des investissements verts européens, l’industrie du gaz espère pouvoir y figurer également.
Le groupe d’experts à haut niveau sur la finance durable de l’Union européenne travaille actuellement sur une classification des investissements verts. Une situation qui a ouvert le débat sur ce qui constitue une énergie « verte » – en particulier avec l’intégration du nucléaire sous ce « label écologique » européen pour les produits financiers, malgré les protestations de l’Autriche, de l’Allemagne et du Luxembourg, qui soulignent son impact en matière de production de déchets radioactifs.
C’est une victoire pour les partisans du nucléaire comme clé de voute de la transition énergétique décarbonée, à la tête desquels on retrouve la France. « Nous ne pouvons pas réussir la transition écologique et nous ne pouvons pas parvenir à notre objectif en termes de lutte contre le réchauffement climatique sans l’énergie nucléaire » assurait ainsi le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, un de ses principaux défenseurs.
Encouragée par cette ouverture, l’industrie gazière veut également s’engouffrer dans la faille et figurer au titre des activités économiques pouvant recevoir des investissements labellisés verts. Leur argument est le suivant : convertir les centrales au gaz permet de réduire drastiquement leur empreinte carbone à court terme, ce qui pourrait constituer une étape importante pour atteindre le « zéro émission nette ». Autrement dit : mieux faire c’est faire vert.
« Je ne dis pas que le gaz naturel est vert », souligne Didier Holleaux, vice-président exécutif chargé du gaz à ENGIE. « Je pense toutefois que remplacer une installation extrêmement polluante par une autre alimentée au gaz naturel est une solution verte. Comme remplacer un camion au diesel par un camion au gaz naturel liquéfié (GNL) est vert ». Derrière ce débat qui peut sembler formel et procédurier se cache un débat de fond sur la transition dont veulent les européens : coupure nette des énergies fossiles ou un procédé s’appuyant – et encourageant – le recours aux « combustibles transitoires ».
Six objectifs non-cumulés permettent en effet de figurer sur cette liste : l’atténuation du changement climatique, l’adaptation au changement climatique, l’utilisation durable et la protection des ressources hydrologiques et marines, la transition vers une économie circulaire, la prévention et contrôle de la pollution, la protection et restauration de la biodiversité et des écosystèmes. Ce cadre permet donc un peu de jeu, et le secteur gazier espère pouvoir y figurer – au moins en partie.
« Je reconnais que la situation est complexe. Mais, si la taxonomie européenne ne prend pas cette question en compte, elle risque de devenir contre-productive et ne poussera pas les industries à sortir du charbon » prévient M Holleaux. Dans une déclaration conjointe, une coalition d’ONG écologiques a cependant demandé que le gaz naturel soit exclu de la taxonomie, arguant pour une relocalisation sur les « activités économiques entièrement durables » et une exclusion totale des énergies fossiles.
Les militants écologistes ne partagent toutefois pas tous cette position intransigeante, et certains envisagent un élargissement au biogaz et aux autres types de gaz à faibles émissions en carbone. « Il existe pléthore de gaz verts ou décarbonés », assure Sébastien Godinot, économiste auprès du WWF. « Selon nous, le seul gaz qui tient la route est l’hydrogène vert, car il provient entièrement d’électricité issue de sources renouvelables ». Affaire à suivre, donc.
Soyons clair : on parle de changement climatique dû aux GES, essentiellement le CO2. Une énergie « verte » est donc, de ce point de vue, une énergie non émettrice de CO2. Le nucléaire est donc totalement « vert », les déchets nucléaires n’émettant pas de CO2 (!) ne changent rien à ce constat.
Le charbon n’est pas « vert », il est « noir » car chaque kWh produit par sa combustion émet 1000 g de CO2.
Le gaz n’émet « que » 400 g : il est donc gris foncé, mais certainement pas vert !!!