De récente révélations ont établi que la Commission Européenne a servi d’intermédiaire dans le projet de centrale nucléaire hongrois Parks II – un chantier confié au conglomérat public russe Rosatom.
Depuis 2010, et l’arrivée au pouvoir du Fidesz-Union civique hongroise de Viktor Orban en Hongrie, les relations entre Bruxelles et Budapest ont été pour le moins orageuses. Le Premier ministre hongrois est non seulement un fervent eurosceptique, mais il défend également une ligne pro-Kremlin dans un contexte de tensions grandissantes entre le Russie et l’Union Européenne sur des dossiers comme l’Ukraine, la Crimée, l’Otan et la Syrie. Aussi, lorsque le dirigeant ultra-nationaliste a annoncé que la nouvelle centrale nucléaire du pays serait construite par le supergroupe d’état russe Rosatom, la réaction de la capitale européenne a été glaciale.
Tout a commencé lorsque Budapest a dit vouloir construire deux nouveaux réacteurs dans sa centrale de Parks. Ils viendraient replacer les réacteurs actuellement en activité, dont la fin de vie est programmée vers 2030. Seulement, en grand provocateur, le dirigeant hongrois a annoncé avoir choisi l’Agence fédérale de l’énergie atomique russe, et ce sans même un appel d’offre publique – au grand dam de Bruxelles. La Commission Européenne a alors riposté en lançant une procédure en manquement : Budapest n’avait pas respecté l’obligation communautaire d’appel d’offre.
La procédure a depuis été abandonnée, comme la Hongrie a motivé son choix par le fait que Rosatom était « la seule entreprise » dans le secteur nucléaire « en mesure de répondre aux besoins techniques du projet hongrois ». Toutefois, c’est la Commission qui aurait en secret aidé le pays à trouver une ligne de défense acceptable, en faisant intégralement réécrire son argumentaire par des membres de l’institution afin de passer outre le règlement de l’UE. C’est l’Eurodéputé écologiste Benedek Javor, qui a découvert ces manœuvres. Il a pu récupérer les documents révélant cette affaire grâce aux règles de transparence européenne. « C’était une décision politique, et le motif avancé par la Hongrie a été construit de toutes pièces », explique-t-il.
L’argument d’ « exclusivité technique » n’avait en effet pas été avancé par les autorités hongroises de prime abord. Il est né d’une initiative que les commissaires européens ont nommé une « solution politique globale » visant à permettre à Budapest de passer entre les mailles du filet afin de d’amorcer une réconciliation avec le gouvernement hongrois, toujours aussi remonté contre l’Europe.
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