La transition énergétique en Grèce est pénalisée par le monopole public de l’état sur ce marché. Une situation qui augmente le coût de l’électricité.
Le pétrole compte pour plus de 45% du mix énergétique grec (Eurostat 2015). Mais la production d’électricité du pays est aussi très marquée (28,7%) par la production de lignite – un charbon naturel composée de restes fossiles de plantes. Ce type de charbon « de rang inférieur », affiche une forte teneur en eau et une teneur en carbone réduite (50 à 60%), ce qui lui confère un faible pouvoir calorifique. EN conséquence, de grandes quantités sont nécessaires pour alimenter des centrales thermiques de forte puissance et le transport n’est pas rentable sur de longues distances.
Au total, plus de 89% du mix énergétique grec repose sur les énergies fossiles. Une étude coréalisée par l’Observatoire national d’Athènes et WWF Grèce à l’automne 2017 mettait en garde contre cette dépendance, soulignant le poids d’une électricité trop chère sur l’économie hellène déjà fragilisée. « En revanche, les coûts de l’électricité diminuent avec les scénarios qui prévoient l’expansion des sources d’énergie renouvelable combinée à des politiques d’efficacité énergétique ambitieuses », explique Nikos Mantzaris, expert en politique énergétique du WWF.
Affichant haut et fort sa volonté de décarbonation de l’énergie au sein de l’Union européenne, la Commission met en œuvre une politique de transition en douceur vers une énergie propre, et a lancé une plateforme pour les « régions charbonnières en transition » afin d’aider les états membres qui accusent le plus de retard. Si cette politique est jugée plutôt efficace dans la plupart des états membres, elle se heurte au monopole de la compagnie Dimósia Epichírisi Ilektrismoú (soit Public Power Corporation en anglais – PPC), le fournisseur historique et principal d’électricité en Grèce, contrôlée par l’État.
Le géant énergétique a en effet affiché très peu de détermination à changer ce modèle – un immobilisme renforcé par la crise de la dette grecque, qui a considérablement réduit la marge de manœuvre des pouvoir publics. Si la relative impotence de l’entreprise avait donné lieu à des opération de privatisation partielle de PPC, afin de fluidifier le marché énergétique national, en janvier 2015, le nouveau gouvernement grec (composé principalement du parti politique SYRIZA) a annoncé le gel de la procédure.
« Alors que le reste de l’Europe se concentre sur la décarbonation, le programme de désinvestissement dans le lignite comme moyen d’ouvrir la Grèce à la concurrence semble plutôt compliqué. Prétendre que le marché grec de l’électricité deviendra par magie liquide et compétitif en vendant une ou deux des usines de lignite de PPC en 2019 est tout simplement un mensonge », a mis en garde Nick Keramidas, directeur des affaires européennes de la métallurgie et de l’énergie pour le groupe Mytilineos SA.
Le président d’Eurelectric, l’association professionnelle représentant l’industrie européenne de l’électricité, a récemment souligne qu’Athènes n’avait pas signé l’accord européen organisant la neutralité carbone bien avant 2050. « Qu’ils signent ou non, ils élimineront progressivement le charbon de toute façon », a-t-il toutefois affirmé. « Je ne pense pas qu’une personne ayant un certain sens des affaires investirait dans la production de charbon. Quand on a déjà marqué, on n’a pas besoin de remettre le ballon sur le terrain ». Et pourtant PPC a bel et bien décidé d’investir environ 1,5 milliard d’euros dans une toute nouvelle usine au lignite. Une décision difficile à comprendre, compte tenu de l’énorme potentiel du pays en matière d’énergie solaire.