Le Parlement européen a finalement adopté la nouvelle liste de projets énergétiques prioritaires, dont certains sont encore gaziers malgré les protestations des écologistes.
Les eurodéputés se sont largement prononcés (443 voix pour, 169 contre, 36 abstentions) en faveur de la nouvelle liste de projets énergétiques prioritaires le 12 février dernier. Ce vote a toutefois provoqué l’ire des élus écologistes, qui soulignent que la liste comprend 32 projets d’infrastructure gazière – une énergie fossile. Pour ses détracteurs, la quatrième liste des projets d’intérêt commun (PIC) n’est pas compatible avec l’ambition affichée par l’Europe de devenir le premier continent climatiquement neutre d’ici à 2050.
En face, les défenseurs du texte notent qu’il correspond à une approche réaliste de la transition, qui permet une transition progressive vers le renouvelable. « Pendant une certaine période, nous aurons besoin de l’énergie provenant du gaz. Elle permettra de faire la transition vers des sources énergétiques plus propres et climatiquement neutres », a assuré l’eurodéputé Cristian Busoi, président de la commission de l’industrie du Parlement et membre du parti populaire européen (PPE). « Le bon sens l’a emporté », a abondé Lars Ole Løcke, l’un des porte-parole de la formation de droite.
Ce choix n’a pas remporté l’aval des écologistes, qui estiment qu’il constitue un signal très négatif. « Cette liste PIC sape le Green Deal européen et contribue au réchauffement de la planète » a pour sa part estimé Michael Bloss, un eurodéputé vert, sur Twitter. « Donner la priorité et des fonds à ces projets gaziers signifie imposer au système énergétique européen un verrou gazier pendant les 40 à 50 prochaines années et gaspiller jusqu’à 29 milliards d’euros provenant des contribuables européens dans de futurs actifs “enlisés” », estime quant à lui le groupe Climate Action Network (CAN) Europe.
L’eurodéputée écologiste Bas Eickhout a pour sa part estime que « le Parlement n’avait pas mis à profit son pouvoir de contrôle ». Rappelons toutefois que s’il s’agit d’une porte ouverte, le fait de figurer sur la liste PIC ne garantit en pas que les projets gaziers proposés recevront effectivement un financement. Frans Timmermans, le vice-président de la Commission chargé de superviser le « Green Deal », est allé plus loin en affirmant que l’UE ne financerait que les projets énergétiques soutenant l’objectif de neutralité climatique de l’Europe – dans ce cas les infrastructures gazières « évolutives ».