Un nombre croissant d’états membres se rallie derrière l’objectif de neutralité carbone en 2050. Certains blocages persistent toutefois pour cette mesure qui doit être adoptée à l’unanimité.
Les dirigeants des états membres européens se rencontrent jeudi et vendredi pour un sommet sur la question climatique à Bruxelles. En jeu, la hausse de l’objectif de transition énergétique vers « zéro émissions nettes » de gaz à effet de serre en 2050. Pour l’heure l’Union vise pour l’heure 40% de réduction par rapport au niveau de 1990 pour 2030, et peine à s’entendre sur la moitié de siècle. Et ce d’autant que les plans présentés par les états membres en début d’année ne seront vraisemblablement pas suffisants pour atteindre les objectifs visés, et que la Commission doit rapidement leur des ajustements afin de rentrer dans les clous.
Pourtant, un nouvel élément pourrait bien déloquer la situation. Un nouvel engouement en faveur d’un renforcement des ambitions climatiques européennes en 2050 semble en train d’apparaitre. La Belgique, l’Allemagne, l’Italie, la Grèce, Chypre, Malte, l’Irlande et depuis mardi la Hongrie – anciennement fermement opposée à cette mesure – ont en effet rejoint le camp des pays favorables à la neutralité carbone en 2050. Cette dernière s’est alignée sur la position de l’Allemagne – comme elle le fait souvent sur les dossiers écologiques. A un détail près : Budapest, contrairement à Berlin compte s’appuyer sur le nucléaire pour accompagner cette transition.
« Sans énergie atomique, il n’y a pas de neutralité carbone », a annoncé László Palkovics, ministre de l’Innovation hongrois, ce lundi. La Hongrie tire en effet plus de 20 % de son énergie du nucléaire, et compte sur cette source de production stable et décarbonée pour servir de pivot à sa transition vers des sources renouvelables (14% seulement de son mix énergétique à ce jour). Avec le revirement de ce pays, 21 des 28 États membres sont désormais prêts à soutenir la proposition de la Commission européenne de neutralité carbone pour 2050. En mars dernier, ils n’étaient que huit.
Si une large majorité s’est formée, celle-ci ne sera pas suffisante, le Conseil européen prenant ses décisions par consensus. De plus, la mesure a encore des adversaires farouches en la Pologne et la Bulgarie. Cependant, certains estiment que le ralliement de la Hongrie pourrait faire changer les choses au sein du groupe de Visegrad. Pour la Pologne, un réel engagement écologique dépend des compensations et des incitations mises en place par l’UE. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Konrad Szymanski, a ainsi déclaré que la décision prise à Bruxelles devait « tenir compte des coûts sociaux et économiques, qui varient selon les pays ».
« La décision devrait être fondée sur une analyse appropriée des Plans nationaux sur le climat et l’énergie. Le paquet doit inclure des mesures de compensation pour les régions et les pays les plus vulnérables. Par conséquent, il est aujourd’hui trop tôt pour franchir cette étape » a-t-il estimé. De même, la Bulgarie, qui ne rejettent pas la neutralité carbone catégoriquement, pourrait accepter de passer le cap si des fonds supplémentaires étaient alloués pour aider ces pays à changer de modèle énergétique. Une position qui promet des échanges des plus riches lors du sommet qui commence aujourd’hui.