La Rare Earths Industry Association, basée à Bruxelles, veut renforcer la transparence dans le marché mondial des terres rares.
Derrière l’appellation terres rares, on retrouve 17 matériaux et métaux aux propriétés similaires. Ils ne sont, somme toute, pas si rares que ça, mais leur extraction est couteuse et néfaste pour l’environnement. Ils entrent tous dans la composition de bon nombre de biens indispensables à la transition écologique et à l’essor du numérique : les batteries, les ampoules, les aimants pour moteurs électriques, les lasers, les verres optiques, les pots d’échappement, les supraconducteurs, les disques durs, l’horloge atomique, l’acier inoxydable…
Les plus grandes réserves de ces minerais se trouvent en Chine (Mongolie intérieure), aux Etats-Unis, en Australie et en ex-URSS. La Chine en détient toutefois le quasi-monopole de la production de ces dernières (120 000 tonnes sur une production mondiale de 170 000 tonnes en 2018, soit 70,6%). Cette position est renforcée par les prix très bas pratiqués par Pékin pour tuer la concurrence. Elle lui permet également de maintenir une chaine d’approvisionnement très opaque.
L’Europe n’a pour sa part que des réserves limitées de terres rares, bien que certaines entreprises du continent participent à leur exploitation et leur transformation. Aussi, après une hausse brutale des prix en 2011, les terres rares ont été ajoutées à la liste des métaux d’importance critique de la Commission. « L’année 2011 nous a montrés la nécessité d’une association mondiale », explique Nabeel Mancheri, chercheur à l’université catholique de Louvain.
C’est à cette fin qu’une nouvelle association professionnelle a été créée à Bruxelles pour rassembler plusieurs acteurs de la chaine d’approvisionnement des terres rares. Cette initiative, qui porte le nom de Rare Earths Industry Association (l’association des industries des terres rares) se présente comme le premier véritable réseau au monde » pour les terres rares. Il est composé de 12 membres fondateurs de pays comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, mais aussi le Japon et la Chine. Il œuvre afin de « soutenir la transparence » dans la chaine d’approvisionnement.
« Il ne s’agit pas d’être indépendant sur le plan des ressource », précise Milan Grohol, chargé de mission à la Direction des matières premières de la Commission européenne. « C’est une question de diversification de l’offre. » Et les causes d’inquiétude sont réelles : du fait de notre dépendance aux terres rares, ces dernières « ont déjà été utilisées comme arme politique », affirme Milan Grohol. « Alors que l’UE s’oriente vers une économie neutre en carbone, nous sommes très préoccupés par cette question » ajoute-t-il.
Le recyclage des terres rares devrait être au centre des préoccupation de l’UE, plutôt mal lotie en gisements. Selon un rapport publié en 2018, l’UE a dépensé 39 millions d’euros dans la recherche et au développement du recyclage des terres rares ces dix dernières années. Aucune usine de recyclage industriel n’est cependant en cours de construction. La tendance pourrait toutefois s’inverser. « Les premières voitures électriques hybrides n’arrivent en fin de vie que maintenant, et les éoliennes installées aujourd’hui ne seront recyclées que dans 10 à 15 ans » souligne René Kleijn, spécialiste de l’écologie industrielle à l’Université de Leiden.