Sous l’impulsion du couple franco-allemand, la Commission européenne met enfin sur les rails son projet de consortium européen afin de créer l’ « Airbus des batteries électriques » automobiles.
Jeudi 2 mai, Bruno Le Maire et son homologue allemand Peter Altmaier se sont retrouvés à Bercy, dans la capitale française afin d’annoncer une nouvelle étape dans le projet de production de batteries électriques automobiles en Europe. « La Commission européenne vient de nous confirmer formellement [le] principe de (…) l’intérêt stratégique pour l’Europe de cette filière » a confirmé le premier. « Elle nous a donc autorisé à verser des aides publiques »
« Le temps presse si nous voulons que notre production soit en place d’ici à quatre à cinq ans » a souligné le vice-président de la Commission européenne, Maros Šefčovič. « Nous avons douze mois pour montrer que nous en sommes capables », estime-t-il. Et les moyens commencent à se débloquer : « 1,2 milliard d’euros au maximum proviendront de subventions publiques, a encore détaillé Bruno Le Maire. Le reste, à savoir 4 milliards environ, sera de l’argent privé. »
Ce projet prendra la forme d’un « IPCEI » (Important Projects of Common European Interest), un projet commun d’intérêt européen. L’« Airbus des batteries » officiellement lancé le 18 décembre 2018, se basera sur un consortium franco-allemand – auquel devraient participer le fabricant français de batteries Saft, filiale de Total, le constructeur français PSA et sa branche allemande Opel. D’autres pays ayant manifesté leur intérêt pour rejoindre cette alliance comme l’Italie, la Pologne, l’Autriche ou encore la Finlande.
Si les ambitions sont hautes, l’enjeu est lui-même de taille. L’Asie est actuellement responsable d’environ 85 % de la fabrication mondiale, contre seulement 3 % en Europe. Cependant, le marché des véhicules électriques présente un avenir radieux : le Joint Research Center (service scientifique de la Commission) estime que le nombre de véhicules atteindrait 50 à 200 millions d’ici à 2028, potentiellement 900 millions en 2040.
L’Europe « n’est pas condamnée à dépendre des importations technologiques des deux grandes puissances que sont les Etats-Unis et la Chine » a jugé M Le Maire. Afin de prévenir toute dépendance technologique, l’UE compte enfin passer la seconde. La France avait déjà fait part de sa volonté de consacrer un total de 700 millions d’euros sur cinq ans à l’ensemble des projets liés à la production de cellules de batteries, l’Allemagne prévoyant pour sa part d’y investir un milliard d’euros.