Alors que la France s’apprête à renégocier son PPE, les critiques de sa politique « peu lisible et peu efficace » se multiplient.
Lundi 5 mars, la Commission nationale du débat public a validé les conditions du débat sur la future programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) soit la future répartition de la production d’électricité dans le mix électrique en France. Celle-ci aura lieu du 19 mars au 30 juin. L’objectif de cette rencontre est « d’interroger les citoyens sur la façon d’atteindre les objectifs fixés par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte en recueillant leur avis sur ce qui a fonctionné et ce qui pourrait être amélioré dans la politique de l’énergie », d’après le ministère de la Transition écologique.
Les enjeux sont nombreux : promouvoir les énergies renouvelables, assurer la sécurité des approvisionnements, préserver le pouvoir d’achat des consommateurs… Il s’agit donc de définir une nouvelle dynamique pour la transition énergétique en France – chose dont le pays manque cruellement d’après le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Celui-ci a en effet épinglé Paris, qui accumule les retards, au risque de manquer son objectif de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.
Publiée l’automne 2016, la première PPE (2016-2018) souffre de deux handicaps fondamentaux : elle ne souffle mot de l’énergie nucléaire, (70% de la production d’électricité hexagonale). Pour que les moyens mis en œuvre (20 milliards d’euros) soient en adéquation avec les objectifs à atteindre, l’Etat doit augmenter son effort financier d’après Guillaume Duval et Madeleine Charru les deux rapporteurs sur la transition énergétique. La mise en garde du CESE fait écho aux critiques de plusieurs organismes, dont le Conseil national de la transition écologique et l’Autorité environnementale.
La « profonde mutation de nos modes de production et de consommation » que ces objectifs supposaient n’a pas eu lieu et « la trajectoire observée n’est pas la bonne », explique le CESE. Dans un rapport remis fin févier, il souligne que les émissions de gaz à effet de serre (GES) « ont augmenté de nouveau en 2015 et 2016 », après dix années d’une baisse. Il impute cette tendance à la crise, mais aussi à un « pilotage national peu lisible et peu efficace ». Aussi, le Conseil estime qu’il est urgent de « faire des choix » de politique énergétique trop longtemps repoussés.
Pour l’heure, le cabinet du Ministère de la transition écologique semble freiner des quatre fers toute réforme de fond de l’ancien PPE. Début novembre, Nicolas Hulot avait par exemple annoncé que la France ne ramènerait pas cette part à 50% en 2025 comme l’avait prévu la loi de transition énergétique d’août 2015. « Dans un an, je donne rendez-vous et nous aurons une visibilité très claire du nombre de réacteurs que nous allons avoir à fermer […]. Ce sera probablement entre 17 et 25 et ce sera fait dans une échelle de temps qui socialement rendra cela acceptable », avait alors confié le Ministre, bottant en touche.