Les compagnies de transport maritime européennes, qui ne sont encore aujourd’hui soumises à aucune obligation de réduire leurs émissions. Une situation qui pourrait bien changer.
À l’heure où les préoccupations environnementales se font de plus en plus pressantes, le transport maritime est de plus en plus pointé du doigt pour ses émissions de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique. La grande majorité des navires sont en effet en effet alimentés en fuel lourd, une ressource fossile bon marché mais également fortement polluante. Par conséquent, le secteur 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon l’Institut supérieur d’économie maritime (Isemar).
Un règlement européen adopté en 2015 leur impose de contrôler et de publier les données relatives à leur consommation de carburants et aux volumes de CO2 pour l’ensemble des parcours effectués au sein de l’Espace économique européen (l’UE plus la Norvège et l’Islande) ou entre ce dernier et le reste du monde. En se basant sur ces données, l’ONG « Transport & Environment », a publié le 6 décembre un rapport faisant le bilan de ces émissions.
Elle a établi qu’en 2018, le transport maritime européen de marchandises et de passagers a entraîné le rejet dans l’atmosphère de près de 139 millions de tonnes de CO2, soit plus que le transport automobile et aérien. Les 203 paquebots qui ont sillonné les espaces maritimes européens auraient ainsi rejeté 20 fois plus d’oxyde de soufre que les 260 millions de voitures qui circulent sur les routes européennes. Devant l’ampleur de cette emprunte.
Or, rappelons que l’UE accorde au secteur 24 milliards d’euros d’avantages fiscaux par an pour les combustibles fossiles, et qu’il n’est toujours pas inclus dans le système d’échange de quotas d’émission (SCEQE). Aussi les armateurs, qui peuvent continuer à polluer gratuitement, n’ont aucun intérêt à se tourner vers des carburants et des moteurs écologiques. La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prévoit cependant d’y remédier.
Soucieux de prendre les devants, un groupement d’associations d’armateurs a proposé de créer un fonds pour l’innovation qui serait financé par une taxe sur le carburant afin de conduire des projets pour réduire l’empreinte carbone du secteur. Les deux dollars (1,79 euros) collectés par tonne de carburant consommée seraient investis dans des projets de recherche et développement « nécessaires pour rendre commercialement viable une flotte de navires à émission zéro carbone au début de la décennie 2030 » explique-t-ils.
S’il existe de nouveaux systèmes de propulsion plus ou moins décarbonés (les biocarburants, la batterie électrique ou la pile à hydrogène) ces derniers ne peuvent à l’heure actuelle pas encore fonctionner sur les grands navires de commerce.