L’Europe est en train de redéfinir sa manière de produire et de consommer de l’énergie pour honorer les engagements pris lors de l’accord de Paris. Cela va placer la digitalisation au cœur de la politique énergétique européenne.
Dans la lancée des Accords de Paris, la Commission Européenne a décidé se placer à la pointe de la ruée vers les énergies décarbonées plutôt que de simplement en subir les conséquences. Ce changement représente une opportunité économique non négligeable, à la fois pour la création d’emplois et la relance de la croissance sur le vieux continent, renforcée par des inquiétudes naissantes alors que les ressources mondiales de carburants fossiles montrent leurs limites.
Beaucoup va se jouer lors des journées à venir : les Ministres de l’environnement des états membres doivent en effet redéfinir la politique environnementale européenne le 18 décembre prochain. Le Parlement européen et les délégations nationales sont actuellement en train de finaliser leurs propositions pour le nouveau volet du Paquet climat-énergie – un plan d’action qui vise a libérer le potentiel vert de l’UE.
La Commission s’est engagée à produire 27% de son énergie grâce à des sources renouvelables d’ici à 2030. La récente et importante baisse du coût de l’énergie verte a toutefois poussé certains à revoir l’objectif 2030 à la hausse. Ils visent désormais 30% de la production. Il n’est pas certain que cette nouvelle ambition fasse l’unanimité, mais elle a en tout cas ouvert la porte à des discussions sur les moyens dont l’UE dispose pour atteindre ce nouveau seuil.
Dans cette optique, Dominique Ristori, le directeur général du département énergie de la Commission, a appelé à renforcer le lien entre la production énergétique et l’économie digitale. « Avec l’augmentation de la production d’énergie renouvelable en Europe, le système de production devient de plus en plus décentralisé. Aujourd’hui, 90% de la capacité de production nouvelle d’énergie renouvelable est locale », explique-t-il.
Devant la multiplication de sources intermittentes « il faut se tourner vers les composants intelligents et les TIC », ajoute-t-il. D’autres voix se sont levées pour appeler au développement des smart grids en Europe – des interfaces qui s’appuient sur la technologie digitale afin d’établir une connexion renforcée entre le fournisseur et les consommateurs. SI bien que cette tendance est en train de s’imposer au sein de plusieurs institutions européennes.
C’est une bonne nouvelle pour les producteurs d’énergie domicile. Les smart grids permettent en effet aux particuliers de mieux exploiter les nouvelles technologies afin de participer plus activement au marché énergétique. Et depuis qu’une étude de 2016, réalisée par CE Delft, a révélé que 112 millions de producteurs particuliers pourraient assurer jusqu’à 19% de la production électrique de l’UE d’ici 2030, le rôle est pris très au sérieux.
Aujourd’hui, cependant, tous les pays membres ne reconnaissent pas le droit de produire, conserver et revendre de l’énergie renouvelable à leurs citoyens. La production d’énergie à domicile est même nommément interdite dans certains pays de l’UE – sans parler de son commerce. Pour l’heure, la Grèce, la Hongrie et la Belgique ont soutenu des mesures d’ouverture. En revanche, l’Espagne et l’Allemagne, avec le soutien de la France et du Royaume-Uni, semblent plus réticents.
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