Afin de réduire l’emprunte carbone européenne, Bruxelles veut accélérer le développement de véhicules électriques. Pour ce faire, l’exécutif européen fait face à deux enjeux majeurs, l’un logistique, l’autre environnemental.
La Commission européenne veut explorer de nouvelles voies afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Les engagements européens pris dans le cadre de l’Accord de Paris prévoient en effet une réduction de 40 % des émissions d’ici 2030. Or, le transport est l’un des rares secteurs européens dans lesquels les émissions ont augmenté ces dernières années. Aussi, Bruxelles a décidé de miser sur les véhicules électriques.
En 2017, les ventes mondiales de véhicules électriques neufs ont dépassé le million d’unités pour la première fois. Avec près de 41.000 véhicules électriques écoulés sur le seul mois de mars, dont 52 % de voitures 100 % électriques, l’Europe bat son précédent record (34.000 unités vendues en décembre 2015). Pourtant, le recours à des véhicules électriques reste un phénomène marginal. C’est pour cette raison que le nouveau plan d’action de la Commission propose de nouvelles pistes pour accélérer l’essor de ce secteur.
Maroš Šefčovič est le vice-président de la Commission européenne, en charge de l’Union de l’énergie souligne que « la technologie [est] déjà disponible aujourd’hui pour les fabricants leur permet d’atteindre l’objectif de [réduction de] 15 % pour 2025 ». Mais pour ce dernier, il existe un vrai problème d’offre. « J’espère que dans deux ou trois ans, nous aurons une offre européenne d’environ 80 modèles de nouvelles voitures électriques, qu’elles soient hybrides ou à zéro-émission. »
Mais la croissance du marché des véhicules électriques est dépendant de l’infrastructure mise en place pour supporter cette technologie. Elle suppose donc une augmentation substantielle du réseau de stations de charge (actuellement principalement développées par Renault, BMW, Volkswagen ou encore ParisTech), de la capacité des batteries et les technologies de charge rapide
« Je dirais que les Européens craignent encore que la conduite ne soit pas assez souple et que les infrastructures ne soient pas encore assez nombreuses », explique Maroš Šefčovič. « Le mécanisme pour l’interconnexion en Europe sera d’une grande aide sur ces questions et le nouveau cadre financier réserve environ 40 milliards d’euros à cet effet. »
Un autre enjeu est celui de la fabrication des batteries pour ces véhicules. Bruxelles veut encourager la production du plus grand nombre de batteries possible sur le sol européen, avec des matériaux européens. La Commission table sur une extraction de lithium au Portugal et de cobalt en Finlande et en Suède. Plus globalement elle a révélé avoir découvert des gisements de ces matières premières dans 13 état membres.
En outre, la Banque européenne d’investissement a récemment validé une série d’investissements, à hauteur de 50 millions d’euros, dans un projet d’usine à batteries basée en Suède. Celle-ci sera dirigée par Peter Carlsson, ancien employé de Tesla. Cette usine renforcerait les capacités européennes, pour l’instant fournie par une usine en activité en Pologne.