Rome s’alarme de l’impact que la hausse prévue des tarifs sur le transport du gaz en Allemagne aura sur son marché énergétique déjà exsangue.
L’autorité gazière italienne (ARERA) a saisi la Commission européenne pour lui faire part de ses inquiétudes concernant la hausse annoncée du prix du gaz transitant sur le territoire allemand. L’autorité gazière allemande (Bundesnetzagentur, ou BNetzA) a en effet annoncé travailler sur un nouveau code de réseau qui amènerait une harmonisation des tarifs de transport du gaz. L’objectif est de rendre transparent les prix de transport du gaz au sein du marché national, afin que tous les opérateurs paient la même chose – le réseau allemand est très complexe du fait du fédéralisme.
Cette mesure devrait aider certains opérateurs allemands moins importants. Seulement, d’après ARERA, cette opération se traduira par une augmentation des prix en termes de commerce international. Rome assure en effet que la réforme aura un impact majeur sur le marché de gros de la péninsule en exacerberait le phénomène d’« étagement » des tarifs dans les différents pays européens. Elle estime ainsi l’augmentation des coûts à 0,387 €/MWh, soit un surcoût annuel de 300 millions d’euros pour l’Italie.
La nouvelle tombe particulièrement mal pour Rome. Cette hausse vient s’ajouter à l’augmentation de de 6,1% du prix du gaz italien de début d’année (soit environs 100 euros de plus à l’année en moyenne). A cela, il faut encore ajouter celle des trois précédents mois (+8,6%). Autrement dit, en Italie les tarifs gaziers crèvent le plafond alors même que le pouvoir d’achat est en berne. Et les effets se sont déjà fait sentir en période hivernale, où la consommation augmente sensiblement, laissant une opinion publique très remontée.
Un groupe de députés italien a déposé une question parlementaire appelant le gouvernement italien à introduire une plainte officielle auprès des services de la Commission européenne. Cette dernière n’a pas voulu commenter directement la querelle, mais indique suivre de près l’affaire. L’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER) a pour sa part estimé la méthodologie de l’autorité allemande « conforme aux exigences sur la transparence, la non-discrimination et le risque lié au volume ».
BNetzA défend son nouveau système, expliquant qu’ARETA et les autres régulateurs nationaux avaient été consultés durant la procédure d’élaboration de son système, et que leurs remarques ont été prises en compte.« Si et quand la décision est prise et finalisée, nous évaluerons plus exactement sa conformité aux règles européennes », a réponduStefano Saglia, du conseil d’administration d’ARERA. « Nous espérons que le débat se poursuivra, tant entre les régulateurs nationaux qu’au sein de l’ACER, afin de parvenir à une solution commune vers l’harmonisation de toutes les réglementations au niveau européen ».