Les projets de plans nationaux en matière d’énergie et de climat des 28 état de l’UE révèlent qu’une dizaine de ses membres n’ont aucune intention de se passer de charbon dans un futur proche.
Selon les ONG Réseau Action Climat Europe et Sandbag, 11 états européens ne prévoient qu’une légère diminution, voire pas de diminution du tout, de leur recours au charbon d’ici 2030. A cette échéance, six d’entre eux dépendront encore du charbon pour leur mix énergétique : Pologne, Allemagne, République tchèque, Bulgarie, Roumanie et Grèce – pour 60 GW de capacités installées dans toute l’UE. « Notre analyse montre que l’UE passera bien loin de son objectif climatique », préviennent les ONG.
De fait, la transition n’est pas évidente. Elle nécessite de programmer la fermeture des mines et des centrales, ainsi que d’assurer la reconversion des zones minières – souvent économiquement fragiles. Mais le rapport montre qu’au-delà de ces difficultés réelles, certains pays bénéficient largement du Fonds de modernisation du marché du carbone entre 2021 et 2030, mais font en retour peu d’efforts pour se passer de l’énergie fossile la plus polluante.
« Les États membres dépendant du charbon veulent le beurre et l’argent du beurre », dénonce Charles Moore, de Sandbag. « La Commission européenne ne peut continuer à assister financièrement ces pays que s’ils présentent des projets concrets de sortie du charbon. » Un avis partagé par Joanna Flisowska, coordinatrice sur le charbon de CAN Europe. Pour elle, l’exécutif « doit demander des comptes aux gouvernements sur la qualité de leurs plans nationaux ».
« Les retardataires du climat ne doivent pas s’en tirer comme ça. L’UE doit contribuer à une transition énergétique juste dans les régions charbonnières, sur la base d’engagements crédibles et ambitieux clairement articulés dans les plans nationaux » estime cette dernière. Dans son collimateur, on retrouve en premier lieu la Pologne, avec une baisse de 15 %, (de 26,9 à 22,9 GW), mais aussi la Slovaquie, la Slovénie et la Bulgarie ne prévoient quant à elles aucun changement d’ici 2030.
Pour autant, les efforts déployés par certains autres pays sont réels. C’est par exemple le cas de l’Allemagne, qui prévoit de débloquer 40 milliards d’euros pour reconvertir les quatre régions où se concentrent mines et centrales à charbon. L’objectif est de pouvoir s’en passer dès 2038. DE fait le pays peine à faire sans cette source, ayant choisi de ne plus avoir recours à l’énergie nucléaire dans le sillage de la catastrophe de Fukushima.