Pour la première fois, les énergies renouvelables sont devenues la première source dans le mix énergétique allemand, détrônant le charbon.
En 2018, le mix énergétique allemand a été « plus renouvelable que charbonneux ». Dans une étude publiée jeudi 3 janvier, l’institut des sciences appliquées Fraunhofer a établi que la production d’énergie solaire, éolienne, de biomasse et hydroélectrique du pays a augmenté de 4,3% l’an dernier pour représenter 219 térawatt-heures (TWh) d’électricité. Aussi, l’énergie verte, qui ne représentait que 19% de la production nationale en 2010, couvre désormais plus de 40% de la production.
Ce sont bien trois des quatre sources renouvelables qui progressent (4,3% de plus qu’en 2017), portées par un été particulièrement chaud, avec en tête l’éolien à 111,35 TWh soit 20,4% du mix énergétique allemand, suivi du solaire à 45,75 TWh soit 8,4%, de la biomasse à 44,79 TWh, soit 8,3%. L’énergie hydraulique, avec 17,04 TWh soit 3,2%, était pour sa part en berne du fait de la chaleur. Ensemble, elles ont compté pour 40,4% de la production électrique allemande des douze derniers mois.
Selon l’institut Fraunhofer ISE, la part des énergies renouvelables devrait rester supérieure à 40% en 2019, compte tenu du nombre d’installations renouvelables en construction (en prenant en compte les aléas météorologiques). Une bonne nouvelle pour Berlin qui a décidé de se passer totalement du nucléaire d’ici 2022 (en réaction à l’accident nucléaire de Fukushima pour rappel). Elle prévoit en outre que les énergies renouvelables représentent 65% de sa production totale d’ici 2030.
Pourtant, l’Allemagne n’est pas exactement exemplaire en matière de transition énergétique. Le charbon représente en effet encore 38% de la production d’énergie – 131,28 TWh (soit 24,1%) sous sa forme pure (houille), ce à quoi il faut ajouter 75,71TWh (13,9%) pour le lignite (une forme intermédiaire entre la tourbe et la houille). Le pays accueille en outre 7 des 10 centrales à charbon les plus polluantes d’Europe.
De plus, le lignite « émet bien plus de gaz à effet de serre que la houille (1,2 kg CO2/kWh pour le lignite contre 0,8 kg CO2/kWh pour la houille) » et plus de trois fois plus que le gaz naturel (dont la part dans le mix électrique allemand a baissé à hauteur de 7,4% en 2018), précise Bruno Burger, responsable du dernier rapport du Fraunhofer ISE. Aussi, par exemple, la production électrique allemande est à l’heure actuelle dix fois plus polluante que la production française.
Enfin, les ménages allemands sont les Européens qui paient leur électricité le plus cher après le Danemark. Malgré ces ombres au tableau, la progression des sources renouvelables en Allemagne est une bonne nouvelle pour les tenants de la transition écologique, et devrait servir d’exemple aux pays qui ont engagé leur propre transition sans pour autant abandonner l’énergie nucléaire, peu émettrice en CO2.