Cet article est la dernière partie d’une triple publication qui analyse en profondeur l’interdiction du véhicule thermique. Le constat est sans appel : les technologies alternatives doivent faire de gros progrès pour se substituer convenablement au véhicule thermique. Les parlementaires estiment pouvoir accélérer ces améliorations en décrétant l’interdiction du moteur thermique en 2040. Retrouvez la première de cette étude partie ici et la seconde ici.
Troisième partie : L’interdiction législative du véhicule à moteur thermique, pire façon d’orienter les développements futurs ?
“On ne décrète pas le progrès !” – Mais on peut l’arrêter.
Certains imaginent que si le gouvernement interdit le véhicule à moteur thermique en 2040, cela va stimuler la recherche sur le VE et accélérer le progrès. Cependant, nous avons vu qu’aucune solution réellement performante et fiable n’avait émergé en laboratoire pour combler le handicap des batteries par rapport aux carburants fossiles, et que lorsque cette solution apparaîtra, ce qui ne peut être prédit, 15 années pourraient s’avérer nécessaires pour passer de l’expérimentation de laboratoire à petite échelle à la production de masse.
Même en jetant des tombereaux d’argent public sur la recherche dans ce domaine, vous ne pouvez pas décréter à quel moment les résultats de ces recherches donneront satisfaction.
Par contre, nous pouvons être certains que si un nombre significatif de grands pays suivaient la France dans l’interdiction du moteur thermique, alors tous les efforts pour améliorer cette technologie “historique” s’arrêteraient rapidement, puisque non amortissables dans la durée. Or il serait dommage de ne plus améliorer le moteur thermique, pour lequel des pistes prometteuses existent, ayant dépassé le stade du laboratoire et souvent en cours de test (comme l’allumage par micro-ondes au lieu des bougies). Ces évolutions pourraient permettre de réduire les consommations de 10 à 30% d’ici à 2040, ce qui n’a rien de négligeable, tout en réduisant considérablement les pollutions collatérales (SO2, NOx, etc). Cette amélioration bénéficierait non seulement aux véhicules thermiques mais aussi aux véhicules hybrides, qui exercent un pouvoir d’attraction croissant sur les consommateurs, mais qui seront eux aussi touchés par l’interdiction en 2040.
Donc, d’ici 2040, soit un miracle se produit, ce qui veut dire qu’un génie ou un chanceux trouve la technologie salvatrice permettant de se rapprocher suffisamment de la densité énergétique du carburant-pétrole dans moins de 10 ans, et que l’industrie peut passer également en moins de 10 ans au stade industriel à prix accessible. Mais s’il ne se produit pas, ce qui semble assez probable, alors le gouvernement nous aura plongé dans une impasse technologique.
Peut-on jouer l’avenir de notre mobilité sur une conjecture aussi aléatoire ?
Et si on laissait faire les entreprises du secteur automobile pour ne pas risquer de les couler ?
“Mais le gouvernement ne devrait-il pas agir tout de même pour hâter le progrès dans la bonne direction ?”, demande-t-on souvent.
La réponse est négative. Rappelons d’abord qu’en matière d’incitations, le passé des gouvernements ne plaide pas en leur faveur. C’est le gouvernement qui, pendant 50 ans, a sur-favorisé fiscalement le diesel, avant de retourner sa veste brutalement depuis 3 ans et de décréter (sur la base d’arguments scientifiquement très contestables) que ce mode de propulsion était quasi diabolique. Qui peut être certain que de telles erreurs ne sont pas à nouveau commises en voulant favoriser le VE, dont la technologie est encore si manifestement immature ? Le CEO du groupe PSA, Carlos Tavares, a d’ailleurs osé poser publiquement la question.
Même sans diktat gouvernemental, il y a de toute façon une demande forte pour aller vers des moteurs plus sobres et moins polluants. Dans un marché libre, les constructeurs feraient ce qu’ils ont toujours fait, c’est à dire mixer l’amélioration du moteur thermique et le recours accru à l’hybridation au fur et à mesure que la technologie avance.
Cela conduirait à une amélioration continue de l’efficacité énergétique du parc automobile, et à une amélioration conjointe des résultats en termes d’émissions, dans le droit fil des améliorations de la technologie thermique qui se sont produites depuis 50 ans et plus. Permettre aux constructeurs d’améliorer leurs modèles hybrides en attendant les avancées qui permettront de passer au tout électrique, mais qui prendront “le temps qu’il faudra”, est la meilleure options actuellement disponible, selon de nombreux chercheurs (Exemple: Fred Schlachter, déjà cité).
Au contraire, si trop de pays importants stoppent législativement l’incitation à améliorer le thermique, alors tous les modèles vendus dans le monde d’ici son bannissement progresseront nettement moins par rapport aux niveaux actuel.
Comment réagiront les consommateurs ? Et les gouvernements ?
L’acheteur traversera donc une période où il n’aura pas de VE assurant un service de mobilité convenable à prix correct à disposition, mais où il saura qu’il aura de plus en plus de mal à revendre un véhicule thermique.
Comment réagira-t-il ? Eh bien, en augmentant la durée de vie des véhicules achetés récemment et prochainement. Plus la date fatidique de 2040 approchera, et moins les acheteurs ne voudront prendre le risque d’investir dans un véhicule à moteur thermique, sans se décider à franchir le pas de l’électrique. Il est donc raisonnable de penser que les ventes de véhicules neufs baisseront, ce qui serait mauvais pour l’emploi dans une filière pourtant majeure de l’économie Française.
De plus, la qualité moyenne du parc automobile s’en trouverait dégradée, au détriment de… La pollution ! Une fois encore, une décision gouvernementale prise sous la pression de considérations émotionnelles, plutôt que rationnelles, pourrait aboutir à l’effet inverse de celui officiellement recherché. Et si le gouvernement tentait de contrer cette tendance en renforçant la sévérité des contrôles techniques afin de retirer plus tôt de la circulation les véhicule à moteur thermiqueanciens, il porterait un coup très dur contre la mobilité notamment des classes les plus modestes, et nous venons de voir qu’attenter à cette mobilité pouvait se révéler politiquement très risqué. Et sans mobilité, aucune prospérité n’est possible.
Bien sûr, le gouvernement pourrait aussi tenter d’orienter plus encore les acheteurs vers le VE en multipliant les subventions et avantages fiscaux. Mais outre que ses finances déjà fortement déficitaires rendraient l’opération délicate, une fois de plus, nous nous retrouverions à financer des choix détruisant plus de valeur qu’ils n’en créent, et tôt où tard, l’accumulation de ces mauvais investissements nous précipitera ves la ruine.
Il est probable que de nombreux pays ne suivent pas la France dans sa volonté de dicter par oukase ce que doit être la technologie de demain. Dans ce cas, la disponibilité de véhicules améliorés resterait garantie, car il y aurait suffisamment de marchés acheteurs, mais les acteurs français du secteur subiraient un désavantage compétitif patent. Espérons qu’un prochain gouvernement, si l’impasse technologique se confirme, en prendra rapidement la mesure et reviendra à des orientations moins autoritaires, et laissera les entreprises trouver les meilleures solutions en fonction des avancées technologiques et non des agendas politiciens.
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Quelques références (en plus des liens de l’article) :
American physical society : Has the Battery Bubble burst ?
https://www.aps.org/publications/apsnews/201208/backpage.cfm
Bulletin of atomic scientists : The limits of energy storage technology
https://thebulletin.org/2009/01/the–limits–of–energy–storage–technology/
MIT: Pourquoi n’avons nous toujours pas de meilleures batteries ?
https://www.technologyreview.com/s/602245/why–we–still–dont–have–better–batteries/
The Battery University : site de vulgarisation de référence sur les batteries
https://batteryuniversity.com/learn/article/battery_breakthroughs_myth_or_fact
La seule bonne solution qui convienne, à l’heure actuelle, serait donc de prévoir l’arrêt des véhicules à moteurs thermiques (seuls) en 2040, et de continuer à autoriser les véhicules hybrides, pendant une période de transition, à condition que les hybrides ne soit pas un cache-misère, mais de réels moyens de déplacement profitant des avancées des batteries.
Et quid du gaz liquide ou des agro-carburants, qui s’ils ne concurrencent pas les cultures vivrières et s’ils sont efficaces pourraient concurrencer le pétrole ?
Bon, cependant tout plaide en faveur des moteurs électriques, qui sont fiables, demandent peu d’entretien, et simplifient grandement la conception des véhicules. Le trio moteur thermique + boite + transmission n’a que très peu évolué depuis son apparition et avec beaucoup trop de déperdition d’énergie, il est temps de le mettre au rancard, mais pas de façon brutale.
Un très bon article, enfin un peu de bon sens et de la lucidité. Tous les véhicules devraient fonctionner avec des solutions mixtes, on sait très bien que le pur électrique est une phobie, ou une arnaque..Bien sur le monde se réchauffe, mais changer son mode de vie est totalement impossible, car imposé de fait par la mondialisation…Et tous les pays aspirent à notre mode de vie..Autrefois il y avait les trotskistes, et les maoistes aspirant au bonheur absolu, on a vu le résultat, les gouvernants actuels féministent et écologistes nous mènent dans le mur ..et les dégâts seront immenses..
« Il est probable que de nombreux pays ne suivent pas la France… »
lol……
sachez que la france est le seul pays, avec l’Espagne, et l’Angleterre, qui ont fixé la date à 2040….
beaucoup d’autres ont fixé 2030 voire 2025…
beaucoup d’erreurs et de fausses certitudes dans cette article…
bref…. une incitation la pollution…..