La quasi-totalité des glaciers alpins pourrait être amenée à disparaître d’ici 2100 si rien n’est fait pour limiter le réchauffement climatique.
Autre conséquence du changement climatique, les glaciers alpins sont en train de disparaitre. Une étude publiée mi-avril dans la revue européenne The Cryosphere par une équipe de chercheurs suisses, a dévoilé les prédictions glaçantes pour les quelques 4000 sommets enneigés des Alpes. Grâce à des données récoltées sur le terrain avant 2017, l’équipe de l’ETH Zurich a ainsi estimé que d’ici 2050, un retrait de –50% pour le volume et -45% pour la surface aura lieu. Ce phénomène ne dépend pratiquement plus du scénario d’émissions de gaz à effet de serre.
A plus long terme, cette évolution peut être modifiée. A l’horizon 2100, cette baisse se situerait dans une fourchette comprise entre -63% (± 11%) et -62% (± 8%) par rapport à 2017 et -94% (± 4%) et -91% (± 5%) selon les efforts de réduction d’émission de gaz à effet de serres que nous choisirons de mettre en œuvre. « Dans ce scénario pessimiste, les Alpes pourraient être quasiment privées de glace d’ici 2100, avec seulement quelques morceaux isolés en haute altitude, qui représenterait 50 % ou moins du volume actuel », explique Matthias Huss, coauteur de l’étude.
Ce long délai avant que l’action humaine n’ait de conséquences s’explique par l’inertie du temps de réponse du système climatique à la hausse des concentrations atmosphériques en CO2. « Les glaciers des Alpes et leur évolution récente sont parmi les indicateurs les plus évidents du changement climatique en cours » souligne Daniel Farinotti, également co-auteur du papier. « L’avenir de ces glaciers est effectivement menacé, mais il est encore possible de limiter les pertes futures ».
La fonte des glaciers est loin d’avoir des conséquences uniquement esthétiques, étant donné que les glaciers jouent un rôle hydrologique crucial.« Un glacier est un réservoir. Un glacier en bonne santé fond en été et grossit en hiver. Cela veut dire qu’aux périodes où les gens ont le plus besoin d’eau, ils l’obtiennent du glacier », souligne à l’AFP Harry Zekollari, de l’Université de technologie de Delft, aux Pays-Bas. « Si les glaciers disparaissent, vous perdez ces réservoirs. Dans les Alpes c’est peut-être supportable, mais dans les Andes ou l’Himalaya, des milliards de personnes ont vraiment besoin de cette eau ».
Les glaciers du monde ont perdu 9 000 milliards de tonnes de glace entre 1991 et 2016, entraînant une élévation de 2,7 cm du niveau de la mer, selon l’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture). Le splus touchés sont ceux de l’Alaska, puis ceux de Patagonie et des régions arctiques. « Globalement, nous perdons chaque année environ trois fois le volume de glace stocké dans l’ensemble des Alpes européennes », rappelle le glaciologue Emmanuel Thibert.