Les anguilles d’Europe font face à une nouvelle menace : la présence de cocaïne dans les eaux du continent endommage leur cerveau et leurs tissus musculaires et diminue leur capacité de déplacement, ce qui altère leur cycle reproductif.
Les poissons sont vulnérables à une grande variété de pollutions des eaux : plastique, métaux lourds, antibiotiques, pesticides… A cette liste il faut désormais aouter les stupéfiants. Une étude réalisée par des chercheurs de l’Université Federico II de Naples, publiée dans la revue Science of the Total Environment, vient de démontrer que la cocaïne présente dans les fleuves européens était néfaste pour les anguilles.
Selon Anna Capaldo, co-auteure de l’étude, « ces drogues se retrouvent dans les cours d’eau pour deux raisons principales : l’utilisation mondiale énorme de ces substances et l’efficacité variable avec laquelle elles sont éliminées des effluents d’eaux usées dans les stations d’épuration, qui dépend fortement de la technologie utilisée ». Bien que les concentrations soient faibles (entre 0,4 et 44 nanogrammes par litre dans les eaux de surface), cela suffit à affecter les anguilles.
Les chercheurs ont étudié 150 anguilles pendant cinquante jours les effets de la drogue sur des anguilles. Ils ont constaté que la drogue s’accumule aussi dans le cerveau, la peau et les muscles des poissons et les rend hyperactifs, générant de forts taux de cortisol, une hormone de stress qui induit une consommation de graisse. Et ce même 10 jours après avoir arrêté d’être exposés. Or, sans graisse, les anguilles sont dans l’incapacité de faire leur migration reproductive de 6 000 km dans l’Atlantique.
« Nous avons choisi les anguilles parce qu’elles sont menacées d’extinction, mais aussi parce que ce sont de gros poissons, ce qui favorise l’accumulation des substances », explique Anna Capaldo. Cette nouvelle menace a e effet été identifiée alors que les anguilles sont en danger critique d’extinction depuis les années 80, selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Selon Mme Capaldo, le problème pourrait être résolu par un traitement des eaux usées plus efficace.
En Europe, la Tamise (fleuve traversant la ville de Londres) avec 17 milliardièmes de gramme par litre, et dans l’Amo, (près de Pise) afficheraient d’ailleurs la teneur en cocaïne la plus élevée d’après un rapport de l’EMCDDA.