Le gouvernement allemand a échappé à une évaluation de sa politique climatique par le tribunal administratif de Berlin.
L’Allemagne s’était fixé un objectif ambitieux lors de la COP 21 : faire baisser d’ici l’année prochaine ces émissions de 40% par rapport à 1990. Un pronostic récemment revu à la baisse par Berlin, qui a concédé ne pouvoir tenir son engagement, et a annoncé se rabattre sur une baisse de 32% de ses émissions. Apprenant la nouvelle, trois familles d’agriculteurs ont saisi la justice. Récoltes en berne, bétail stressé, inondations, grêle, parasites, pour les plaignants, ce recul affecterait leur activité.
« On ne peut pas continuer comme ça », résume auprès de l’AFP Claus Blohm, agriculteur biologique installé près de Hambourg, un des trois plaignants. Ce dernier a été contraint d’abattre quatre hectares de cerisiers en 2016 à cause de la « mouche de la cerise », parasite historiquement présent dans des régions au climat plus tempéré, qui s’est développé avec la hausse du mercure. En outre, ses pommiers ont subi un tel stress « que 50% de la récolte a été perdue cette année ».
« Enfin », le gouvernement d’Angela Merkel va devoir s’expliquer pour avoir « constamment différé les mesures efficaces de protection du climat », menaçant ainsi « les conditions d’existence des gens », accuse Anike Peters, spécialiste du climat chez Greenpeace. L’ONG a en effet rejoint le camp des plaignants. Juridiquement, les requérants invoquaient une violation du droit environnemental européen, ainsi que celle des « droits fondamentaux à la protection de la propriété, du travail, de la vie et de la santé » de ses citoyens.
Cette requête formulée auprès du tribunal administratif de Berlin s’inspirait d’une initiative similaire ayant abouti l’an dernier aux Pays-Bas. Les plaignants avaient alors réussi à faire condamner de l’État néerlandais à réduire plus fortement les gaz à effet de serre. La cour allemande a toutefois jugé « irrecevable » cette demande au motif que l’engagement conclu en 2014 ne constituait « pas une réglementation juridiquement contraignante » pour le gouvernement.
En outre, les juges ont estimé que les plaignants n’ont pas su démontrer que les mesures gouvernementales étaient insuffisantes, ni qu’il existait un lien direct entre le dérèglement climatique et les difficultés rencontrées dans leur activité professionnelle. S’il n’est pas certain que les plaignants donnent suite à cette procédure, l’Allemagne devra honorer un nouvel objectif de réduction de 55% de ses émissions d’ici 2030. Une échéance qui risque bien de provoquer une nouvelle vague de plaintes, enrichies par l’échec de la présente affaire, si elle n’est pas tenue.