La Commission européenne veut mobiliser d’importants fonds (10 milliards d’euros) pour soutenir l’innovation dans la transition climatique afin d’atteindre la neutralité carbone. Ce faisant, elle veut s’assurer que l’Europe n’abandonne pas la course au leadership dans l’innovation énergétique, et qu’elle demeure attractive pour les investisseurs.
La Commission a étoffé sa stratégie pour la transition énergétique, approuvant la semaine dernière un nouveau Fonds censé soutenir l’innovation dans le domaine énergétique. Ces récents travaux complètent les objectifs de réduction des émissions de carbone d’ici à 2050, exposés en novembre dernier. Pour l’exécutif européen, les industries européennes doivent intégralement absorber leurs émissions afin d’atteindre la neutralité carbone.
Cet objectif ambitieux nécessitera, selon toute vraisemblance « le développement de technologies novatrices à échelle industrielle », explique le Commissaire au climat Miguel Arias Cañete. « Voilà pourquoi nous investissons dans le captage et la séquestration de carbone, les énergies renouvelables et la conservation d’énergie, pour mettre sur le marché des technologies novatrices pour les secteurs industriels énergivores ».
L’objectif est de rassembler un budget de 10 milliards d’euros pour soutenir les innovations technologiques allant dans le sens de la neutralité carbone durant les 10 prochaines années. Pour collecter ces fonds, la Commission propose de s’appuyer sur un système d’échange de quotas d’émissions ainsi que les fonds alloués au programme NER 300, prédécesseur peu fructueux de cette nouvelle stratégie, dont près d’un demi-milliard d’euros de budget n’avait pas été dépensé à son terme.
Abondant dans ce sens, le haut cadre européen Peter soulignait récemment lors d’un évènement organisé par Euractiv qu’il est important « de ne pas laisser la Chine et l’Inde décider de l’avenir de ces nouvelles technologies. » Aussi, d’après ce dernier, chaque secteur industriel « devrait développer un projet pilote et le mettre en place à grande échelle » en vue de « la prochaine décennie [qui] sera cruciale ».
Dans la même conférence, la chercheuse et membre du think tank Global Relations Forum, Gauri Khandekar, mettait en garde contre le risque de perdre des industries, chassées d’Europe par les exigences environnementales, faute d’infrastructure et de planification stratégique adéquate. L’autre risque étant une baisse des investissements, réorientés vers des territoires aux règles moins strictes. Le fond voulu par la Commission constituerait toutefois un signal très positif pour ces derniers.