Des chercheurs français baguent des flamants roses afin de mieux suivre leur migration et mieux protéger leur habitat naturel, actuellement en déclin un peu partout dans le monde.
Quelques 50 000 viennent sur les côtes méditerranéennes françaises tous les étés pour se reproduire. En hiver, on en compte à peine 20 000. Pour mieux comprendre les schémas de migration de cette espèce encore menacée – bien qu’elle soit moins en danger que dans les années 60 – des scientifiques français ont en entrepris de poser sur ces oiseaux des bagues permettant de suivre leurs déplacements et leurs comportements en groupes. L’opération est menée par la Tour de Valat, Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, basée au Sambuc (Bouches-du-Rhône)
Elle cible principalement des poussins, âgés d’un à trois mois et ne sachant pas encore voler. « Ce matin, nous avons bagué environ 675 poussins, ce qui consiste à leur apposer deux bagues, l’une métallique qui contient un numéro unique provenant du Muséum d’histoire naturelle et une en PVC qui contient un numéro alphanumérique unique qui identifie chaque individu et qui est lisible à distance » explique Jean Jalbert, directeur de la Tour du Valat. « Depuis 41 ans, on a pu grâce à ces bagues suivre individuellement les flamants un peu partout là où ils se répartissent ».
Les informations collectées par ces puces ont permis de créée un réseau international d’échanges de données permettant de comprendre le comportement et l’histoire de chaque flamant, mais aussi de l’espèce dans son ensemble. « C’est absolument précieux pour comprendre l’écologie et la biologie de cette espèce et pouvoir adapter des mesures de conservation appropriées » note Jean Jalbert. Les scientifiques ont ainsi pu déterminer que les flamants ont un comportement « atypique » en termes de migration : certains restant en Camargue toute l’année, d’autres vont en Afrique du Nord en hiver, enfin certains suivent des parcours de migration « erratiques ».
Aujourd’hui, les salins et grandes lagunes littorales – l’habitat naturel du flamant « nécessaire à sa survie » – est menacé un peu partout dans le monde. Si l’espèce « est en bon état de conservation », la réduction alarmante de leurs milieu naturel pourrait changer la donne.