Le lobby des constructeurs automobiles demande un répit dans la réduction des émissions du secteur du transport routier.
Bruxelles en avait fait une des prochaines grandes étapes dans l’effort pour baisser les émissions de CO2 en Europe : plafonner les émissions des camions et autres véhicules lourds afin d’encourager les constructeurs à concevoir des véhicules plus « propres ». En effet, si ces derniers ne représentent que 5 % du trafic européen, ils sont responsables d’un quart des émissions de CO2 dans le domaine du transport. Aussi, la Commission européenne avait annoncé en mai dernier un plan visant à réduire de 15 % les émissions de CO2 des camions d’ici 2025, puis de 30 % d’ici 2030.
« Tous les secteurs doivent contribuer à nos engagements pour le climat pris dans le cadre de l’Accord de Paris », avait alors déclaré le commissaire au climat, Miguel Arias Cañete. D’après lui, les technologies existantes suffisent à atteindre le premier seuil de réduction (15%). Rappelons à ce propos que l’UE accuse déjà un certain retard sur la question. De telles limites existent déjà dans plusieurs pays comme les États-Unis, la Chine, le Japon et le Canada.
La nouvelle n’a pas ravi le lobby des constructeurs de véhicules lourds, qui voit la situation d’un autre œil – celui de la compétitivité économique. L’association des constructeurs automobiles estime (ACEA) estime en effet que l’effort à fournir est trop important compte tenu du délai imparti. « Étant donné l’état du marché et des technologies, une réduction des émissions de CO2 de 7 % d’ici à 2025 serait un juste équilibre entre un objectif ambitieux et réaliste », avance-t-elle dans une prise de position publié le 27 août.
L’ACEA, très inquiète de l’annonce d’amendes de 6 800 € par gramme de CO2 dépassé/ tonne-kilomètre, suggère un objectif de 16 % de réduction pour 2030 – soit deux fois moins que la proposition de la Commission. « Les poids lourds sont des outils de travail détenus par des professionnels qui, à des fins commerciales, cherchent toujours le véhicule le plus performant, en prenant en compte la consommation de carburant et l’efficacité », avance-t-elle. « Cette comparaison est trompeuse puisqu’un camion plus lourd portant une charge plus grande est plus efficace qu’une camionnette ».
Pas sûr que cet appel ne trouve un écho à Bruxelles. Quatre états membres – les Pays-Bas, l’Irlande, la Lituanie et le Luxembourg – poussent d’ores et déjà pour monter le seuil de réduction obligatoire. Ils demandent un objectif de 24 % pour 2025 et 35 ou 45 % pour 2030. « Le marché pour les véhicules de livraison urbains et régionaux à zéro émission change rapidement », souligne l’eurodéputé néerlandais écologiste Bas Eickhout dans un rapport remis le 29 aout dernier. « Il existe un intérêt environnemental et économique évident à commercialiser ce genre de véhicules dès leur mise à disposition », souligne-t-il.