Des chercheurs allemands proposent d’installer des canons à neige en Antarctique ouest, pour limiter les dégâts de la fonte des glaces. Les auteurs notent toutefois que cette solution, très couteuse en énergie, devra s’accompagner d’une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre.
Des chercheurs du Potsdam Institute for Climate Impact Research, en Allemagne proposent une solution pour le moins originale afin de lutter contre la fonte des calottes glaciaires en Antarctique : pomper de l’eau issue de la fonte des glaces pour la rejeter sur la calotte glaciaire, par l’intermédiaire de canons à neige. Dans une étude publiée mercredi 17 juillet dans la revue Science Advances, ils exposent leur projet.
« Nous étudions la possibilité de stabiliser les deux glaciers [ndlr : le glacier de l’île du Pin et le glacier de Thwaites] en pompant de l’eau de mer sur la zone critique », écrivent les auteurs. L’étude rappelle que ces deux glaciers représentent « actuellement la contribution la plus importante et la plus rapide de l’Antarctique à l’élévation du niveau de la mer ». « Nous sommes déjà à un point de non-retour si nous continuons à ne rien faire », a déclaré Anders Levermann, climatologue et auteur de l’étude.
Aussi, leur maintien aura un impact conséquent. Et ce d’autant que même si les émissions de gaz à effet de serre parvenaient à être limitées, le glacier de l’île du Pin et le glacier de Thwaites pourraient continuer à fondre. Afin que les glaciers soient stables, il faudrait toutefois 7 400 milliards de tonnes de neige pulvérisées pendant dix années consécutives, ce qui nécessiterait une « quantité d’énergie considérable » (l’équivalent de 12 000 éoliennes).
« Des processus non encore anticipés » pourraient chambouler le scénario dans lequel les canons à neige réussiraient à sauver la calotte polaire de la fonte, note l’étude. En outre, sa mise en œuvre « constituerait un défi technique à de nombreux égards ». Anders Levermann reconnait l’« absurdité » du projet, qui reflète l’ampleur de la menace qui résulte de l’élévation du niveau de la mer, d’après lui.
La calotte glaciaire concentre l’équivalent de 6 mètres d’eau. Aussi, si elle venait à fondre totalement, les conséquences seraient désastreuses, sachant qu’un seul mètre seulement d’élévation du niveau de la mer suffirait à déplacer environ 190 millions de personnes. 3 mètres condamneraient des mégalopoles entières un peu partout dans le monde, notamment New York, Shanghai ou encore Tokyo.
Dans tous les cas, la mesure n’aurait aucun intérêt si elle ne s’accompagne pas d’une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre, conclut l’étude. Elle doit obligatoirement être associée à des mesures drastiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sans quoi le réchauffement climatique s’aggraverait, et il faudrait encore plus de canons à neige pour le compenser – c’est-à-dire plus d’énergie – soit le début d’un dangereux engrenage.