L’interdiction programmée de l’huile de palme au sein de l’UE a provoqué l’ire de la Malaisie, qui promet des représailles commerciales. Il s’agit en effet du principal produit d’exportation du pays.
L’huile de palme n’a plus la cote en Europe. Le 17 janvier dernier, le Parlement européen a révisé la Directive sur les énergies renouvelables, décidant d’une exclusion de l’huile de palme dans les biocarburants dès 2021. Dans l’UE l’utilisation de cette dernière dans la nourriture ou les cosmétiques a déjà diminué, mais elle avait augmenté les carburants.
Entre 2005 et 2015, sa production globale a augmenté de 85 %, passant de 33,63 MT à 61 MT. Les plus grands consommateurs de cette huile se trouvent en Asie – l’Inde et la Chine en tête – mais l’Union Européenne représente tout de même près de 12% de la consommation mondiale. L’interdiction votée en janvier dernier est donc de nature à sensiblement impacter le secteur.
Pour justifier cette décision, Bruxelles explique que culture intensive des palmiers à huile est responsable d’un véritable désastre écologique. L’activité présente un bilan carbone alarmant et contribue à la déforestation. Des centaines de milliers de hectares sont ainsi brûlés, souvent illégalement, afin de défricher et de fertiliser des terres. Aussi, la décision du Parlement a récolté le soutien d’une très large majorité des ONG environnementales.
Toutefois, les gouvernements indonésien et malaisien – deux pays conjointement responsables de 85% de la production mondiale d’après la Conférence des Nations Unies – sont vent debout contre cette décision. Ils avancent qu’elle aura de sérieuses répercussions sur les communautés rurales qui vivent de l’exploitation cette huile – le secteur génère en effet 3 millions d’emplois directs pour l’Indonésie et 500 000 pour la Malaisie.
L’Indonésie a demandé une renégociation de la décision européenne. Jakarta demande à l’UE d’appliquer les normes indonésiennes de développement durable – mais la crédibilité de celles-ci est constamment remise en cause par les associations de défense de l’environnement. Ils pourraient décider de mettre en place des freins économiques sur leurs exportations européennes – les échanges annuels avec l’Indonésie sont estimés juste au-dessus de 35 milliards de dollars (28 milliards d’euros).
La Malaise s’est elle montrée plus menaçante. Elle parle de recours devant l’Organisation mondiale du commerce. « Les autres huiles végétales seront progressivement supprimées à partir de 2030, soit une différence de neuf ans », souligne Datuk Seri Mah Mah Siew Keong, ministre malaisien des plantations et des produits de base. « Si l’Europe discrimine notre plus gros produit d’exportation, nous prendrons bien entendu des mesures si nécessaire. »