La France s’apprête à lancer un système de consigne sur les cannettes et les bouteilles en plastique. Une décision qui fait l’objet d’une fronde des collectivités et les recycleurs, qui estiment la mesure inefficace.
La France veut mettre en place un ambitieux système de consignes pour tous les emballages : verre, aluminium, plastique. « En France, on est capable de recycler des bouteilles en plastique, des canettes, mais encore faut-il les récupérer », souligne Augustin Jaclin, co-fondateur de la start-up Lemon Tri. Et c’est justement là que le bât blesse. Les performances de recyclage de la France sont loin d’être exemplaires, avec 26% de collecte et de recyclage des emballages en plastique, seulement. On est loin des objectifs de l’Union européenne : 90% de bouteilles plastiques collectées et recyclées d’ici 2029.
L’annonce a reçu un accueil glacial des industriels du recyclage, qui ont exprimé « leur effarement et leur incrédulité face à la mise en place unilatérale de la consigne pour les seules bouteilles et canettes » dans une tribune datant de dimanche dernier. « Aucune étude d’impact n’a été commandée. Par ailleurs, la mesure ne concernerait que 400.000 tonnes de bouteilles en PET (Polytéréphtalate d’éthylène) par an contre 2 millions de tonnes d’emballages en plastique », développe Jean-Philippe Carpentier, président de la fédération des entreprises du recyclage.
Même son de cloche pour les collectivités : « Si la priorité est la prévention des déchets, alors il faut miser sur la consigne du verre pour favoriser sa réutilisation. Si au contraire, on veut améliorer la collecte et le traitement, la collecte devrait aussi cibler les déchets dangereux, comme les piles et les déchets diffus spécifiques. Si on veut lutter contre la pollution plastique des océans, alors il faut cibler tous les plastiques et pas seulement les bouteilles » estime ainsi Nicolas Garnier, délégué général du réseau d’accompagnement des collectivités Amorce.
Les deux groupent semblent vouloir faire front commun contre la réforme. Ils dénoncent « une mesure qui va coûter, suivant le dimensionnement, entre 200 et 300 millions d’euros de pouvoir d’achat aux Français et entre 200 et 300 millions de recettes en moins pour les collectivités » comme l’a martelé Jean-Luc Petithuguenin, vice-président de Federec.
Devant la grogne croissante, la secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Bruno Poirson, a tenu à rassuré. « Aucune municipalité, aucune collectivité ne sera lésée », a-t-elle expliqué, ce mercredi, à l’Assemblée. Pour le secteur, elle a aussi eu un mot d’encouragement. « On ne sait pas encore ce qui est consignable et ce qui ne l’est pas. C’est un long travail qui doit faire l’objet d’un consensus ». Autrement dit, le gouvernement n’avancera pas sur les détails de cette mesure sans l’aval des recycleurs.
En France, le lancement d’un système de consigne bénéficie d’un important soutien populaire. D’après un sondage Ifop, 83% des français seraient ainsi prêts à ramener leurs canettes ou bouteilles en plastique.