Confronté à des températures plus élevées et des périodes de sécheresse plus intenses, certains cépages, comme le Riesling, pourraient être amenés à disparaitre.
Le réchauffement climatique change le Riesling. Avec des précipitations de l’ordre de 54 % de leur moyenne annuelle, les régions productrices ; les viticulteurs s’inquiétaient. « Nous subissons désormais les effets du réchauffement climatique. Les températures enregistrées lors de la période de croissance du Riesling, d’avril à octobre, ont augmenté en moyenne d’un degré Celsius. Cette hausse perturbe donc le caractère du vin », explique Ernst Bürscher, œnologue et porte-parole de l’institut du vin allemand (DWI). EN effet, sous l’effet de variations, les raisins mûrissent plus tôt.
En Alsace, comme en Allemagne, il est ainsi fréquent de commencer les vendanges lors la dernière semaine du mois d’août, soit trois à quatre semaines plut tôt qu’il y a 50 ans. Pour autant, la nouvelle n’est pour l’instant pas mauvaise. Au contraire, le raisin a connu une hausse en qualité du fait du réchauffement climatique. « Jusqu’à présent, le Riesling ne ressent pas réellement les effets de la sécheresse, étant donné que ses vignes sont profondément enracinées dans la terre », précise Enrst Bürscher.
« La teneur en sucre est aujourd’hui bien plus élevée qu’auparavant. À certains endroits, nos analyses montrent qu’elle a doublé par rapport aux années 1960 et 1970 », note Otmar Löhnertz, professeur de géologie à la Hochschule Geisenheim Unversity, spécialisée en viticulture. Seulement la donne pourrait bien changer. Les experts soulignent qu’une trop grande maturation du raisin risque d’augmenter le degré d’alcool et provoquer d’importants déséquilibres entre sucre et acide et tuer l’équilibre aromatique de ce vin, sec et sucré à la fois.
D’après Éric Duchêne, ingénieur à l’Institut National de la Recherche Agronomique (Inra), en 2030 le climat Alsacien sera équivalent à celui de Lyon à l’heure actuelle et en 2060, Strasbourg aura le climat de Montpellier. Un changement qui forcera les régions du nord de l’Europe développer de nouveaux cépages. « Le goût des cépages tend à être plus alcoolisé et moins acide, c’est une certitude ce sera la tendance des prochaines décennies à cause du réchauffement climatique », assure-t-il.
Si des croisements de cépages seraient possibles pour maintenir les régions productrices actives, il ne s’agira plus de Riesling. La nouvelle est attristante pour les vins d’Alsace. Mais l’ampleur de cette évolution a des conséquences bien plus importantes en Allemagne, où il est cultivé depuis 500 ans, et couvre un quart du territoire viticole du pays. « Comment adapter la croissance de la vigne afin de produire des vins sous des températures plus chaudes qui auraient le goût et la fraîcheur du Riesling ? Telle est la question qui nous taraude à l’Institut », admet Otmar Löhnert.