Une série de raids dans des usines ont eu lieu en Roumanie sur fond d’inquiétudes croissantes concernant le trafic de bois.
Les ONG de défense de l’environnement s’inquiètent depuis plusieurs années de la disparition des forêts vierges dans les monts Fagaras, en Roumanie – la plus grande surface de forêts vierges de l’Union européenne. On estime que 80 millions de mètres cubes de bois y auraient été coupés illégalement entre 1993 et 2013 et trois hectares d’épicéas, de hêtres, de sapins et de sycomores disparaissent actuellement toutes les heures dans les forêts des Carpates. Les défenseurs de l’environnement tirent la sonnette d’alarme : 80 % des forêts vierges ont disparu dans ce périmètre, pour un préjudice économique de 5 milliards d’euros.
« Les autorités ont affirmé, sans transparence aucune, que le bois [qu’elles vendaient] provenait d’une forêt d’État et que tout était légal », soulignait Hans Hedrich, militant écologique roumain, en avril dernier. « Sans la complicité del’administration publique, cette mafia du bois n’existerait pas. » Romsilva, l’agence en charge des forêts d’État a en effet cristallisé de nombreuses critiques ces dernières années : « Elle fonctionne comme une société privée en quête de profit. Les Roumains ne sont pas encore capables d’envisager l’environnement et leurs ressources autrement qu’en les détruisant. »
Devant ces critiques, l’état a décidé de réagi : une série de raids sans précédent a été mené contre une mafia du bois. 23 adresses, y compris des usines du groupe autrichien Holzindustrie Schweighofer, étaient visées, sur base de « des soupçons raisonnables quant à la création par plusieurs individus et depuis 2011, d’un groupe criminel pour contourner les enchères publiques au niveau des départements forestiers » d’après les autorités roumaines. « C’est la première fois qu’une entreprise est réellement rendue responsable d’abattages illégaux de cette ampleur en Europe », explique David Gehl, coordinateur des programmes de l’EIA pour l’Eurasie. « Cela envoie un message fort à l’industrie du bois : la déforestation illégale des dernières grandes forêts européennes aura des conséquences. »
Le groupe autrichien a confirmé les raids dans ses usines de Sebes et Radauti, ainsi que dans les bureaux de Bucarest dans un communiqué. « Holzindustrie Schweighofer coopère avec les autorités roumaines et soutient pleinement leurs efforts dans cette enquête », a déclaré un porte-parole de l’entreprise.