Une part croissante des émissions de CO2 rejeté par les activités humaines est absorbée par la végétation de l’hémisphère nord du fait de la reforestation d’après le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement.
La teneur en CO2 atmosphérique est mesurée depuis plus de 50 ans par le laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE) situé à Gif sur Yvette, en France. Les chiffres collectés par le laboratoire ont permis de confirmer que les forêts des régions industrialisées de l’hémisphère nord ont absorbé une part non négligeable du dioxyde de carbone émis ces soixante dernières années. « À l’échelle mondiale, les puits de CO2 des terres émergées et de l’océan ont éliminé 55% du total des émissions anthropiques chaque année en moyenne entre 1958 et 2011 » pouvait-on ainsi déjà lire dans le rapport de 2013 du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
Mais il sort des travaux du centre que les forêts boréales aient absorbé une quantité croissante du gaz à effet de serre sur cette période. Dans une étude publiée en début de mois dans la revue Nature, Philippe Ciais, directeur de recherche au Laboratoire des Science du Climat et de l’Environnement, note en effet que si l’hémisphère nord regroupe encore une majorité des sources de CO2 anthropique – liées aux combustibles fossiles – la séquestration de carbone par la végétation semble en effet s’y être accélérée. Une situation qui serait liée à la modification des pratiques de gestion des sols et à l’augmentation des rejets azotés, qui stimulent la croissance des végétaux.
Dans les forêts nord-américaines, les rejets azotés auraient permis d’augmenter de 40% la quantité de carbone capturée par rapport à la période pré-industrielle. Aujourd’hui, ce phénomène impacte principalement les forêts d’Asie – relativement jeunes. En outre, les espaces forestiers ont également progressé sensiblement en ex-URSS, du fait de l’abandon de larges portions de certaines terres agricoles. « Depuis 1958, la végétation de l’hémisphère nord a continué à absorber une quantité importante de CO2, avec deux augmentations significatives de l’absorption : une dans les années 1990 et une autre dans les années 2000 » rapporte Philippe Ciais. «
« Les modèles du cycle du carbone utilisés pour évaluer les projections futures de CO2 atmosphérique et tenir compte des changements climatiques n’ont pas été en mesure de reproduire l’intensification de l’absorption observée dans les années 2000 » précise-t-il, avant de rappeler que « la concentration de CO2 dans l’atmosphère reste, en moyenne, plus élevée dans l’hémisphère nord ». Si la nouvelle est bonne, d’autres phénomènes, susceptibles d’enrayer ce mécanisme, doivent être pris en compte. « Les modèles projettent une augmentation future mais estiment mal le risque de pertes liées aux feux de forêt et aux insectes qui attaquent les arbres, et peuvent les faire mourir » conclut Philippe Ciais