Les eurodéputés se sont prononcés à une écrasante majorité pour que la Commission européenne de revoir sa copie sur la préservation des abeilles.
Les eurodéputés se sont opposés mercredi dernier aux méthodes d’évaluation des pesticides recommandées par la Commission européenne. Le Parlement, dans une écrasante majorité (533 voix pour, 67 contre et 100 abstentions), a rejeté la proposition de la Commission. « Nous demandons désormais à la Commission de revoir sa copie, et de nous présenter une législation qui écarte les pesticides les plus dangereux pour les pollinisateurs », a réagi Pascal Canfin, le président de la commission Environnement du Parlement européen.
A l’origine de ce rejet se trouve la publication en 2013 d’une étude par l’autorité européenne de sécurité des aliments réévaluant la toxicité de ses pesticides sur les pollinisateurs. Celle-ci ajoutait la notion de toxicité chronique (plus large que la toxicité aigüe, jusqu’alors retenue pour évaluer les effets des pesticides). Elle élargissait également l’étude de ces répercussions à l’ensemble des pollinisateurs, notamment les abeilles sauvages et les bourdons.
Le projet de la Commission « introduit uniquement des modifications concernant la toxicité aigüe à l’encontre des abeilles, mais demeure silencieux sur la toxicité chronique, tout comme sur la toxicité à l’encontre des bourdons et des abeilles solitaires (…) il ne reflète pas les dernières évolutions des connaissances scientifiques et techniques (…) et ne changerait pas le niveau de protection » note la résolution du Parlement. Aussi, au terme de ce vote ; l’exécutif européen va être obligé de présenter un nouveau texte.
Le vote des eurodéputés a vu Vytenis Andriukaitis, le commissaire européen chargé du dossier, exprimer son inquiétude sur un dénouement rapide sur cette question : « Malheureusement, ce n’est pas une bonne nouvelle pour les abeilles. Non, nous n’étions pas en train d’abaisser le niveau actuel de protection. Oui, nous avions réussi, difficilement, à obtenir le soutien de 19 États membres. Maintenant, les abeilles de l’UE sont de retour à la case départ et c’est regrettable ».
Des dissensions importantes étaient en effet apparues au Conseil de l’Europe sur les mesures à prendre pour la protection des abeilles, et le projet de la Commission était le produit de mois d’âpres négociations. Ces délibérations devraient bientôt être rendues publiques, y compris les documents état de la position des États membres, à la demande de la médiatrice européenne. Ces publications pourraient toutefois débloquer la situation, notamment en exposant le rôle de certains lobbys.
« En nous opposant à des critères d’évaluation bien trop faibles relatifs à la dangerosité des pesticides pour les abeilles, nous avons voulu poser une question simple : sommes-nous sérieux à propos de la protection de l’environnement ? Sommes-nous sérieux à propos de la protection du vivant ? Sommes-nous sérieux avec le Green Deal ? » a déclaré l’eurodéputé français Pascal Canfin (Renew Europe), président de la commission environnement du Parlement, à l’origine de la motion.
« C’est une belle victoire que nous venons de remporter aujourd’hui, non seulement pour les abeilles, mais pour la vie sur terre : le déclin des pollinisateurs est un enjeu majeur pour la protection de l’environnement mais également pour la production agricole, car près de 35 % de la production agricole mondiale dépend des pollinisateurs », a pour sa part commenté Eric Andrieu, du groupe S&D.