La croissance depuis le début des années 2000 de la population de loups en Allemagne de l’est provoque un vif débat politique.
Depuis que le Bild – le quotidien le plus lu d’Allemagne – a reporté la première attaque d’un homme par un loup depuis des décennies, l’Allemagne se divise sur le sort à réserver à ce prédateur. Un Jardinier de la ville de Steinfeld, en Basse-Saxe (nord) aurait en effet été mordu à l’épaule par un animal, alors que trois autres étaient entrés dans le cimetière où il travaillait. Il aurait réussi à les fair fuir et s’en sortir sain et sauf. Si l’histoire a depuis été infirmée par des experts – il s’agirait plutôt de chiens sauvages – le débat est bel et bien lancé outre-Rhin.
Malgré le démenti de cette « une » choc, force est de constater qu’après 150 ans d’absence, le loup a fait son grand retour dans les campagnes de l’ex-RDA. Ils y sont à la fois plus nombreux et de moins en moins craintifs. Le ministère de l’Environnement en dénombre actuellement 800 dans le pays, soit 73 meutes en 2018. La plupart viennent de Pologne, où la population de loups a également sensiblement augmenté, bien qu’il s’agisse d’une population d’origine balte. Il existe donc une nouvelle voie migratoire qui relie les forêts allemandes au nors de l’Europe.
CE grand retour des loups est loin d’enchanter tout le monde. « C’est une catastrophe », estime Franck Michelchen, éleveur de bovins de Basse-Saxe. « Chaque matin, je ne sais pas si les animaux sont encore en vie ou si les loups sont passés par là », souligne-t-il. En effet, si les attaques sur l’homme n’ont pas repris, le risque est bien réel pour le bétail. Et si le sujet est aussi polémique, c’est que sous l’empire de la loi européenne, tuer un loup est actuellement puni de cinq ans de prison. Une mesure inacceptable pour les éleveurs, qui s’estiment privés du simple droit de se défendre.
En Allemagne, la population de loups croît désormais de 25 à 30 % par an. Depuis 2016, 800 animaux d’élevage ont été tués dans la seule région de Basse-Saxe (nord-est) – les victimes étaient à peine une centaine dans tout le pays il y a dix ans. Une croissance « hors de contrôle » d’après l’Alternative pour l’Allemagne (AfD). Le parti d’extrême droite compte bien placer le sujet au cœur des scrutins régionaux et européens à venir. « Et que fait-on si la prochaine fois ils s’attaquent à des enfants ? », s’interrogeait ainsi Silke Grimm la porte-parole du parti en Saxe-Anhalt (est) dans l’hebdomadaire Die Zeit.
Un avis que les défenseurs de la cause animal estiment alarmiste. « Ce que cette histoire a surtout réussi à faire, c’est propager l’incertitude et la peur », répond le guide forestier Stephan Kaasche. Selon lui, la population de loups est loin de foremr une menace réelle. « 10% des loups sont déjà abattus illégalement actuellement », déplore-t-il. « Cela ne les empêche pas de s’approcher des villes, tout comme les sangliers. Cela ne fonctionne pas comme ça. »
En République Tchèque, également, la population de loups croit sensiblement. « Ces loups sont arrivés chez nous par une voie relativement compliquée en provenance de la Lusace, région frontalière entre l’Allemagne » note le biologiste Jan Andreska. Pas une mauvaise nouvelle d’après František Pelc, directeur l’Agence de protection de la nature et des paysages (AOPK ČR) pour qui le loup est le seul animal à même de « réguler les populations de gibier, et notamment celle du sanglier, dont les populations sont beaucoup trop importantes ».