L’ESA lancer la première mission spatiale visant à débarrasser notre orbite des satellites en panne et autres débris spatiaux en tout genre.
L’agence spatiale européenne (ESA) a annoncé le début d’une mission dont l’objet sera le retraiter des débris évoluant dans l’orbite terrestre basse. Son lancement, prévu en 2025, sera effectué en collaboration avec la startup suisse ClearSpace. Cette première mondiale doit « aider à établir un nouveau marché pour l’entretien en orbite, ainsi que pour l’enlèvement des débris » d’après l’agence.
Baptisée ClearSpace-1, cette première mission vise à retirer en toute sécurité l’étage supérieur Vespa (VEga Secondary Payload Adapter), résidu du second vol du lanceur Vega de l’ESA en 2013. Le débris, laissé sur une orbite d’environ 800 par 660 km d’altitude, présente une masse de 100kg, note l’ESA dans un communiqué le 9 décembre 2019.
« C’est le bon moment pour une telle mission », explique Luc Piguet, président de ClearSpace. « Le problème des débris spatiaux est plus que jamais d’actualité. Aujourd’hui nous avons environ 2.000 satellites actifs en orbite et plus de 3.000 en panne ». Aussi, ce dernier estime qu’il est nécessaire de développer une « dépanneuse pour retirer les satellites en panne de cette région très fréquentée ».
On estime que 5 400 objets de plus d’un mètre, 34 000 objets de plus de 10 centimètres (parmi lesquels il y a seulement 2 000 satellites actifs), 900 000 objets de plus d’un centimètre et 130 000 000 objets de plus d’un millimètre sont actuellement en orbite autour de la terre. Et la moindre collision peut être catastrophique, en particulier pour des missions spatiales habitées.
« Dans les années à venir, le nombre de satellites augmentera d’un ordre de grandeur, avec de multiples méga-constellations composées de centaines, voire de milliers, de satellites prévus en orbite terrestre basse pour fournir des services de télécommunications et de surveillance à large couverture et faible latence », note l’expert.
« Même si tous les lancements spatiaux étaient interrompus demain, les projections montrent que la population globale de débris orbitaux continuera d’augmenter, car les collisions entre objets génèrent de nouveaux débris en cascade », a de son côté relevé Luisa Innocenti, la responsable de l’initiative Clean Space de l’ESA.
« Les études de la NASA et de l’ESA montrent que le seul moyen de stabiliser l’environnement orbital est d’enlever activement les gros débris. Par conséquent, nous poursuivrons le développement de technologies essentielles de guidage, de navigation et de contrôle et de méthodes de rendez-vous et de capture au moyen d’un nouveau projet intitulé Enlèvement actif des débris et entretien en orbite – ADRIOS » poursuit-elle.
« Cela fait des années qu’on fait des études de faisabilité sur l’échéance et le coût. C’était un budget de quelques dizaines de millions d’euros. Grâce à ces études, les États membres maintenant y croient, ce qui permet d’engager le programme, et là on parle de plus de 100 millions d’euros qui ont été votés », indique Didier Schmitt, le coordinateur de Space19+, qui regroupe les 22 États membres de l’Agence.
ClearSpace est une startup suisse créée par des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Elle a pris la tête du programme ADRIOS (« Active Debris Removal/ In-Orbit Servicing ») de l’ESA.