La jeune youtubeuse Naomi Seibt est présentée comme l’« égérie anti-Greta Thunberg » sur les réseaux sociaux – avec l’aide d’un think tank climatosceptique américain.
Le Buzz qu’a suscité la jeune activiste pro-environnement suédoise Greta Thunberg, nommée Person of the Year par Time Magazine, n’a pas laissé indifférent. Une jeune Allemande a commencé à poster des vidéos en mai 2019, prenant le contrepied systématique de la militante environnementaliste. Quand Greta dit « notre maison brûle », l’autre répond : « si ça brûle, ce n’est pas trop de notre faute et que les scientifiques surestiment la part humaine dans le réchauffement climatique ». Le procédé est simple : reprendre les discours de Greta Thunberg et les entrecouper des réponses de Naomi Seibt. Son mur Facebook reprend même le célèbre « Comment osez-vous ? » (How dare you), adressé par Greta Thunberg aux dirigeants du monde lors du climate action summit organisé à la demande du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres
Mais la comparaison n’est pas aussi évidente qu’il parait. Là où Greta Thunberg a fait de la lutte contre le réchauffement climatique son unique sujet de mobilisation – sans, rappelons-le obtenir le soutien de l’intégralité de la communauté scientifique, Naomi Siebt présente également des positions très conservatrices sur l’immigration, le féminisme ou le droit à l’avortement. Citons par exemple sa peur est que l’Allemagne (re)devienne « une dictature communiste » et ses mises en garde contre les « manipulations des médias » généralistes. Aussi, une récente enquête du Monde lui a même découvert une proximité avec le parti extrémiste allemand Alternativ für Deutschland (AfD – « Alternative pour l’Allemagne »).
Plus largement, malgré une récente exposition médiatique, la chaine YouTube de l’activiste de 19 ans ne compte encore que 58 000 abonnés, là où Greta totalise 4 millions d’abonnés sur Twitter, son medium de prédilection. De même, sa page Facebook ne comptait, vendredi 28 février 2020 « que » 14 273 fans. Loin des 2,8 millions « suiveurs » de Greta Thunberg. Comment, alors expliquer cette soudaine exposition ? Son exposition a en réalité été organisée par le groupe de réflexion américain climatosceptique Heartland Institute, qui s’est fait connaitre pour son rôle dans les campagnes de lobbying visant à minimiser les dangers du tabac dans les années 1990.
Celui-ci assume : « Naomi Seibt [a rejoint le Heartland Institute et] travaillera sur la communication d’un message réaliste sur le changement climatique à sa génération en Europe et aux Etats-Unis ; cette génération a pataugé dans le catastrophisme stérile toute sa vie », explique même le think tank dans un communiqué. Preuve que la bataille idéologique pour récupérer la jeune génération a bel et bien commencé.