Le charbon est pointé du doigt pour la forte pollution qu’il entraîne. L’administration Obama avait décidé de prendre ce problème à bras-le-corps en 2015, mais le président Trump mise plus que jamais sur cette énergie. Il compte préserver les emplois dans ce secteur malgré les risques qui pèsent sur la santé publique. Pour parer aux critiques le président américain mentionne parfois le « charbon propre ». Mais de quoi s’agit-il vraiment ?
Le charbon représente 37 % de la consommation électrique dans le monde. Une part très importante donc, mais qui tend à diminuer en raison de la prise de conscience des enjeux climatiques qui frappent à la porte de l’humanité. Les Etats-Unis contribuent à cette baisse et ont adopté un Clean Power Plan en 2015 qui restreint les émissions polluantes issues des centrales qui fonctionnent au charbon. Un plan à plusieurs reprises dénoncé par le successeur de Barack Obama qui a fini par tirer un trait dessus.
La décision a été prise par la Maison Blanche la semaine dernière pour des considérations d’emploi : « Nous mettons fin aux règlements intrusifs de l’EPA (Environnemental Protection Agency) qui détruisent des emplois… et augmentent le prix de l’énergie si rapidement et si considérablement ». Donald Trump fait passer le pouvoir d’achat avant la santé publique et la lutte contre le réchauffement climatique. Une position critiquée et qui est assez paradoxale au regard de la solution évoquée de « charbon propre ».
La consommation de charbon est par nature polluante. Selon les prévisions les plus pessimistes, la décision de Donald Trump pourrait libérer 12 fois plus de carbone dans l’air. L’Agence fédérale de protection de l’environnement table, elle, sur 1 400 décès prématurés par an d’ici à 2030 en raison du plus grand nombre de particules libérées dans l’air. C’est alors que le charbon propre est brandi comme la solution à ces problèmes environnementaux. Nicolas Berghmans, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) expliquait à l’AFP que « le charbon propre correspondait à un charbon débarrassé de ses impuretés et plus efficace thermiquement. Mais depuis un certain nombre d’années, on se réfère au charbon propre pour ses performances environnementales ».
Le charbon peut en effet devenir moins polluant si on séquestre et stocke le carbone dans le sous-sol. Une solution contraignante puisqu’elle ne peut se faire que dans un certain type de sous-sol et avec l’accord des riverains. Ainsi, il n’existe que deux centres de ce type (une aux Etats-Unis et une autre au Canada). 2,4 millions de tonnes de CO2 sont ainsi stockés chaque année, mais il en faudrait 350 millions d’ici à 2030 selon l’Agence internationale de l’énergie.
Autre élément en défaveur d’une généralisation du charbon propre, la séquestration et le stockage du CO2 augmente sensiblement le coût du charbon. Il revient deux fois plus cher que le charbon classique. Un argument qui pèsera lourd et qui devrait inciter le président Trump à ne pas s’engager dans la voie du charbon propre.