Le plus grand glacier alpin, celui d’Aletsch, aura totalement disparu d’ici 2100 si les prévisions climatiques actuelles se confirment, met en garde l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich.
Les Alpes pourraient-elles perdre leur plus gros glacier ? Les chercheurs Guillaume Jouvet et Matthias Huss, du Laboratoire d’hydraulique, d’hydrologie et de glaciologie de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, ont en effet développé un modèle informatique permettant de suivre l’évolution du glacier d’Aletsch, situé dans le Haut-Valais suisse. D’une superficie de 86 km2 et sa masse est aujourd’hui évaluée à 11 milliards de tonnes de glace. Il se pourrait que ce géant de glace disparaisse sous l’effet du réchauffement climatique, note l’étude publiée dans la revue scientifique Journal of Glaciology.
Leurs modèles en 3D ont ainsi anticipé le rétrécissement spectaculaire du glacier au cours des huit prochaines décennies. Et quelque soit le scénario, le résultat n’est pas de nature à rendre très optimiste. Dans le meilleur cas de figure – si le réchauffement est contenu sous les deux degrés et le climat stabilisé d’ici à 2040 – le volume du glacier ne représentera que 40% de sa masse actuelle. Cela signifie qu’à la fois « le volume et la longueur seront diminués de plus de la moitié par rapport à aujourd’hui », précise Guillaume Jouvet.
Mais selon toute vraisemblance, il aura totalement disparu d’ici à la fin de ce siècle. Cette estimation se fonde sur un scénario où la planète continuerait à se réchauffer au rythme actuel. « Un scénario défavorable mais malheureusement parfaitement réaliste » explique l’étude. Dans une précédente étude, les universitaires de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich avaient déterminé que 90% des quelque 4.000 glaciers des Alpes auraient disparu d’ici à 2100 si rien n’était fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
« Depuis 1850, on estime qu’il y a plus que 500 glaciers suisses qui ont complètement disparu » rappelle Matthias Huss. Marquant cette tendance déjà trop réelle, des funérailles ont été organisées ce dimanche au pied du Pizol, un ancien glacier des Alpes suisses qui a perdu près de 90% de son volume depuis 2006. CE dernier « a tellement perdu de sa substance que, d’un point de vue scientifique, il n’est plus du tout un glacier », explique Alessandra Degiacomi, de l’Association suisse pour la Protection du Climat, une des ONG à l’origine de cette initiative.
Le Réseau suisse de relevés glaciologiques (GLAMOS) précise le Pizol appartenait à catégorie des « glacierets », de très petits glaciers, qui constituent près de 80% du nombre total des glaciers suisses. Situé à une altitude relativement basse, il dépendait des fortes quantités de neige accumulées l’hiver.