
L’Allemagne refuse tout net le projet de Bruxelles de revoir à la hausse les objectifs climatiques européens.
Espoirs douchés pours les écologistes européens : le commissaire européen au Climat, Miguel Arias Canete, avait suggéré, fin juillet, de demander un effort supplémentaire au pays membres de l’Union. L’idée était de faire passer de 40 à 45 % la réduction de ces émissions, d’ici à 2030, par rapport à 1990. « Je ne suis pas particulièrement heureuse de cette nouvelle proposition », a réagi Angela Merkel.
« Nous nous sommes fixé une baisse de 20 % de 1990 à 2010 », a noté la chancelière. « Nous avons voulu une nouvelle réduction de 20 % de 2010 à 2020, ce qui est difficile pour nous, donc nous devons voir jusqu’où nous pouvons aller. Et je voudrais d’abord prendre les mesures nécessaires pour tenir nos engagements d’ici 2030 »
Pour rappel, l’Allemagne est actuellement l’état membre qui continue d’extraire le plus de charbon (il est à lui seul responsable de 35 % de sa consommation d’énergie). Aussi à Berlin, même les Verts ont fini par abdiquer et enterrer leur soutien à des objectifs renforcés, accusés de menacer les 75 000 emplois du secteur.
Si l’Allemagne paie son choix de sortir du nucléaire à grande vitesse – ce qui en fait une mauvaise élève en termes de décarbonation à court-terme – elle se rattrape en matière d’énergies renouvelables. Au premier semestre 2018, solaire, hydraulique, éolien et biogaz ont dépassé le charbon pour la première fois (couvrant 36 % de la consommation nationale).
En outre, Berlin a une autre carte à jouer : « Nous avons besoin d’une Verkehrswende [transition des transports] » a défendu la chancelière. « L’électromobilité va se généraliser très rapidement », a-t-elle affirmé. Selon le cabinet Frost & Sullivan, l’Allemagne est désormais le troisième marché mondial pour la voiture électrique. Les ventes y ont progressé de 108 % l’an dernier.
Pourtant, cela ne suffira pas d’après les défenseurs de l’environnement et certains experts. Ainsi Jean Jouzel, climatologue, ancien vice-président du GIEC, rappelle que « la somme des engagements pris par les Etats ne couvre qu’un tiers des diminutions nécessaires » afin de tenir les objectifs climatiques de la COP 21.