Le site Arcelormittal de Dunkerque lance un procédé innovant de capture de CO2 d’origine industrielle.
Le groupe sidérurgique ArcelorMittal a annoncé une nouvelle initiative de lutte contre le réchauffement climatique dans son usine de Dunkerque (France). Ce projet, baptisé « 3D » – pour DMX Demonstration in Dunkirk – est coordonné par l’institut IFP Energies nouvelles (IFPEN) et regroupe dix autres acteurs, dont Axens et Total. Il vise une réduction de la consommation d’énergielors du procédé de capture de CO2 d’origine industrielle grâce à un solvant innovant. Le taux de CO2 atteint en effet en moyenne 25%, de monoxyde de carbone, 47% d’azote et le reste d’hydrogène dans les fumées sidérurgiques.
Le dispositif mis en place par l’usine le CO2 sera absorbé et l’air restitué avec une pureté de 99,7%. « En 2021, le pilote devra capter 0,5 tonne de CO2 issu du gaz sidérurgique [500 kg/h de CO2 captés par le projet 3D soit environ 4000 tonnes par an] », explique Eric Niedziela, le patron des activités françaises d’Arcelor. « A l’horizon 2025, nous accélérerons et un démonstrateur industriel devra capter près de 125 tonnes de CO2 par heure, soit plus d’un million de tonnes par an. » Le CO2 ainsi capté devrait être transporté et stocké dans le sous-sol en mer du Nord.
Ce dispositifdevrait réduire la consommation d’énergie nécessaire au captage du CO2 de 30% à 40% grâce à un nouveau solvant chimique. « C’est la dernière étape de démonstration à grande échelle avant le déploiement industriel », assure Florence Delprat-Jannaud, responsable du programme captage et stockage du CO2 à l’IFPEN. « Les procédés classiques utilisent un solvant à une seule phase qui capte le CO2, précise Mme Delprat-Jannaud. Avec DMX, nous utilisons un solvant à deux phases. En concentrant le CO2 dans une des deux phases, nous réduisons le volume à traiter lors de la régénération du solvant qui est une étape gourmande en énergie. »
Cet avantage devrait être crucial car de fait cette étape peut représenter jusqu’à 70% des coûts de toute la chaîne – incluant le transport et le stockage. « Le projet 3D nous permettra de confirmer les coûts que nous visons : entre 30€ et 40€ la tonne de CO2 capté en fonction de la composition des fumées en entrée. » Si le CO2 capté par 3D n’est pas utilisé, un des partenaires du consortium envisage la possibilité de faire du CO2 alimentaire. « Les usages sont multiples et ils devront se développer, tout comme le stockage massif », assure Florence Delprat-Jannaud.