La Commission européenne a adopté un acte excluant les biocarburants à l’huile de palme de la liste des carburants renouvelables du fait de leur impact sur l’usage des sols. Cette décision entrera progressivement en vigueur jusqu’à une exclusion totale en 2030.
Une page se tourne. La Commission européenne a finalement rendu son verdict : les biocarburants à base d’huile de palme ne seront bientôt plus considérés comme durables au sein de l’Union européenne sous l’empire de la directive 2018/2001 relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables
L’enjeu était de savoir si de tels carburants seraient pris en compte dans le calcul de l’objectif de 10 % d’énergies renouvelables dans les transports imposé par l’UE. Au terme d’une longue tergiversation (près de dix ans), l’exécutif européen a décidé de progressivement exclure les agrocarburants à base d’huile de palme de sa liste de « durables ».
Leur part dans le calcul de l’objectif ne pourra donc plus augmenter à part de 2019 et devra diminuer à partir du 31 décembre 2023, jusqu’à atteindre 0 % le 31 décembre 2030. Une décision qui interdit de fait l’utilisation de l’huile de palme en tant que matière première dans la fabrication de biocarburants et la prive d’une bonne partie de sa pertinence économique en Europe.
Pour justifier cette décision, la Commission évoque un changement indirect d’affectation des sols : la culture de cette huile, très rentable, provoque en effet l’extension des terres agricoles vers des zones permettant de stocker le carbone – forêts, zones humides, tourbières –, et donc une augmentation de la concentration de gaz à effets de serre dans l’atmosphère.
La nouvelle a été globalement bien accueillie par les associations de défense de l’environnement. « La décision de déclarer l’huile de palme comme non durable est une véritable avancée, mais ce n’est qu’une victoire partielle puisque l’huile de soja et certaines huiles de palme peuvent encore être étiquetées vertes », nuance toutefois Laura Buffet, responsable des carburants propres chez Transport & Environment.
Le ministre indonésien de la Coordination des affaires maritimes, Luhut Binsar Pandjaitan, a pour sa part réagi à la nouvelle en évoquant la possibilité de sanctions économiques visant des produits européens, y compris ses avions. « Dans l’histoire du monde, il n’y aucune raison de cibler uniquement un produit alors qu’il en existe de nombreux autres du même groupe. (Mais) l’huile de palme est ciblée. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une discrimination » a-t-il déclaré.
La commission environnement du Parlement européen doit se prononcer sur ce texte aujourd’hui.