A la baisse de la captation carbone du fait de la déforestation il faut ajouter la libération par le sol de carbone vieux de plusieurs centaines d’années. Elle augmente également les menaces qui pèsent sur nombre d’espèces vivant dans des régions tropicales.
Mauvaise nouvelle pour le climat. Une étude menée par l’Université de Gand, en Belgique, a analysé les effets de la déforestation en région tropicale. Les conclusions de ces travaux pointent en effet vers deux effets cumulatifs en cas de coupes massives d’arbres. Déjà, un arbre coupé ne peut en effet plus extraire de CO2 de l’atmosphère. Mais à cela il faut ajouter une hausse des émissions de CO2, car du carbone vieux (1 500 ans en moyenne) de plusieurs centaines d’années est également libéré par le sol.
« La déforestation a un double effet négatif sur le changement climatique », explique Marijn Bauters, un des chercheurs qui a piloté cette étude. « Premièrement, parce que l’arbre qui convertit le CO2 en oxygène disparaît. Deuxièmement, parce que le sol libère du carbone lorsque l’utilisation des sols passe de la forêt à l’agriculture. » De fait, la déforestation rend le sol instable, et le carbone qui y était stocké finit dans les rivières. Les microbes présents dans l’eau convertissent le carbone en CO2.
Ce phénomène touche en particulier les zones tropicales (Asie du sud-est, Afrique, Amérique centrale…). Des régions du monde où incidemment, la croissance démographique a poussé la déforestation massive pour faire place à des zones agricoles. « Dans les zones où la forêt doit céder la place à des terres agricoles, des zones tampons et des terrasses peuvent être installées », note ainsi Marijn Bauters.
En outre, ce phénomène augmente le risque d’extinction qui pèse sur quelques 550 espèces vivant dans les écosystèmes tropicaux – et qui sont particulièrement sensibles aux changements de température. « La disparition des forêts tropicales entre 2000 et 2012 a entraîné la perte d’une étendue supérieure à la taille de l’Inde qui était à même de protéger les espèces des effets du changement climatique », déclare Rebecca Senior, professeur à l’université de Sheffield.
La déforestation tropicale galopante, combinée aux changements climatiques, empêche les espèces sauvages de se déplacer vers des climats plus frais. « Non seulement la perte de forêt supprime directement leur habitat mais elle rend également plus difficile le déplacement des espèces », note ainsi la scientifique, dont les travaux sont parus dans la revue Nature Climate Change. La déforestation est donc une menace directe « une proportion énorme de la biodiversité mondiale », conclut-elle.