Des taux élevés de néonicotinoïdes ont été détectés dans plusieurs rivières britanniques. Cette contamination pourrait affecter la survie de plusieurs espèces menacées.
Une étude réalisée en 2016 a révélé que les rivières britanniques affichaient des « niveaux de contamination sévères » au néonicotinoïdes – l’insecticide le plus utilisé dans le monde. Les niveaux les plus élevés ont été mesurés dans la Waveney, entre le Norfolk et le Suffolk et la Tamise, dans les Midlands. La Great Ouse dans le Bedfordshire, l’Ancholme, dans le Lincolnshire et le Wensum dans le Norfolk présentaient aussi des niveaux supérieurs aux limites légales. Au total, des niveaux de contamination chroniques ou sévères ont été détectés dans pas moins de la moitié des 16 rivières de Grande Bretagne, probablement liés à des champs de betteraves voisins.
Les néonicotinoïdes sont des insecticides neuro-actifs similaires à la nicotine. On les utilise depuis le début des années 90 – mais leur impact sur l’environnement fait l’objet d’une attention particulière depuis la fin de la décennie. L’Union Européenne (UE) a décidé d’en interdire temporairement l’usage sur les cultures en fleur en 2013, à cause de leurs effets négatifs sur la population d’abeilles et d’autre pollinisateurs essentiels. D’autres espèces – des oiseaux et des vertébrés aquatiques dont le rôle est central dans le maintien des écosystèmes – pourraient également être affecté par cet insecticide.
Les néonicotinoïdes sont aujourd’hui de plus en plus critiqués. Une série d’études publiées récemment dénonce en effet un recours trop fréquent des fermiers aux pesticides – les mêmes niveaux de production ne nécessiteraient pas un usage aussi important. Dans le même temps, l’ONU a dénoncé le « mythe » selon lequel les pesticides sont indispensables pour nourrir la population mondiale. Il n’existe toutefois pas de limite de concentration de néonicotinoïdes dans les ressources phréatiques en Europe. Un examen collégial de 2015 a bien établi des niveaux maximaux fin d’éviter « des conséquences durables sur les communautés de vertébrés aquatiques », mais les niveaux mesurés sont bien entendu en deçà de cette limite.
« On considère actuellement que les pesticides chimiques ont passé une batterie de tests en laboratoire ou en plein air, et qu’à ce titre, leur usage industriel n’a que des effet environnement bénins. C’est inexact », explique le principal conseiller scientifique du ministère britannique de l’environnement, de l’alimentation et des questions rurales, Ian Boyd. « Les tests concernant les effets des pesticides sur l’environnement n’ont pas les mêmes niveaux d’exigence que les tests réalisés sur les médicaments. » Aussi, il recommande une interdiction des néonicotinoïdes hors serres ou hors traitement antipuces pour les animaux de compagnie.
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