L’actualité récente est riche d’informations et d’indicateurs confirmant l’abandon progressif des véhicules roulant au diesel. Fin de la prime à la conversion, nouveaux modèles électriques pour les particuliers et professionnels, partenariat entre Uber et Izivia pour accélérer la conversion électrique des VTC, mesures de plus en plus drastiques des grandes villes pour interdire les véhicules polluants dans leurs rues… : panorama en quatre actus d’une révolution énergétique.
De l’air ! Dans un contexte sanitaire troublé, jamais les Français n’ont semblé si préoccupés par la qualité de l’air qu’ils respirent. L’environnement figure en effet, d’après les résultats d’une enquête Harris Interactive pour Uber, parmi les sujets de préoccupation de 85% des Français, 67% d’entre eux le considérant même comme « prioritaire » sur le pouvoir d’achat. Par ailleurs, plus de la moitié (51%) de nos concitoyens se déclarent plus inquiets par la question environnementale à la suite de la crise sanitaire.
La disparition programmée des véhicules diesel roulant en France s’inscrit dans cette dynamique et devrait donc satisfaire les attentes de la population. Le secteur des transports est, en effet, responsable à lui seul de 30% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, la moitié de ces émissions provenant des véhicules particuliers. Or, les diesels représentent encore un tiers des immatriculations françaises. Mais cette prédominance pourrait bientôt appartenir au passé : « la décarbonation du parc automobile est une des priorités du gouvernement », selon la ministre de l’Écologie, Barbara Pompili, qui a décidé de muscler la stratégie électrique des autorités. Tour d’horizon, en quatre actualités, d’une véritable révolution annoncée.
Fin de la prime à la conversion pour les voitures diesel
C’est officiel : à partir du 1er janvier 2021, la fameuse « prime à la conversion » ne permettra plus d’acquérir de modèles roulant au diesel. L’annonce a été faite mi-octobre par Barbara Pompili, selon qui cette mesure est « une question de cohérence de notre politique de lutte contre la pollution de l’air ». Conditionné à la mise à la casse d’un ancien véhicule (essence ou diesel), le dispositif est réservé, depuis la fin des 200 000 « primes exceptionnelles » du plan de relance automobile, aux ménages les plus modestes. Il octroie, dans sa version actuelle, jusqu’à 3 000 euros pour l’achat de certains véhicules thermiques émettant moins de 137 grammes de CO₂ au kilomètre – et jusqu’à 5 000 pour une voiture électrique.
Les constructeurs se détournent – enfin – du diesel
Conscients que le vent tourne, les constructeurs automobiles entament ou accélèrent, eux aussi, leur transition verte. Renault, qui en dépit du succès de son modèle électrique Zoé, continuait de miser sur le diesel, vient ainsi de décider de ne plus décliner une partie de ses nouveaux véhicules en version dCi. Le constructeur s’est engagé à réduire le nombre d’options afin de faire reculer la part du diesel dans ses ventes au cours des prochains mois. La même dynamique est à l’œuvre chez les constructeurs d’utilitaires, une catégorie de véhicules où le diesel reste surreprésenté. Tesla, qui a annoncé cet été la mise en production de son gigantesque camion électrique Semi, d’une autonomie de 800 kilomètres ; Volta, avec son modèle Zero qui arrivera sur le marché en 2022 ; Mercedes, et son Vito zéro émissions ; Renault et son Master ZE ; Peugeot avec son e-Boxer… : des camionnettes aux semi-remorques, la révolution de l’utilitaire est aussi en marche.
Uber s’associe à EDF et sa filiale IZIVIA pour accompagner ses chauffeurs vers l’électrique
Autre signe que le diesel vit ses derniers jours, l’entreprise de VTC Uber vient d’annoncer son intention d’atteindre la neutralité carbone à l’échelle mondiale d’ici 2040. « En France, nous visons 50% de véhicules électriques en 2025 et zéro véhicule diesel en 2024 », s’est engagé le groupe américain en septembre dernier. L’entreprise est confortée par l’étude sus-mentionnée, selon laquelle près de six Français sur dix se disent prêts à payer plus cher pour agir en faveur de l’environnement, et 78% des utilisateurs de VTC sont prêts à payer plus cher leur course pour favoriser la transition énergétique.
Pour aider ses chauffeurs à sortir du diesel et s’équiper en voiture électrique, Uber va investir 75 millions d’euros (grâce à une augmentation de ses tarifs sur toutes ses options sauf Uber Green, qui deviendra moins chère que l’option standard). Le groupe a également signé un partenariat avec Izivia, une filiale d’EDF, afin de faciliter l’accès de ses chauffeurs aux bornes de recharge électriques : ceux d’entre eux qui roulent en véhicule électrique ou hybride rechargeable pourront souscrire à une formule leur offrant un accès rapide et économique à plus de 100 000 points de charge à travers la France. Un coup de pouce bienvenu.
Les grandes métropoles disent « non » au diesel
Si l’histoire semble aller contre eux, quid des derniers irréductibles du diesel ? Ceux-ci pourraient bien se heurter aux véritables murs virtuels que de plus en plus de métropoles françaises et européennes bâtissent autour de leur territoire : diesels interdits à Paris à partir de 2024, à Strasbourg en 2025 et Bordeaux en 2026 ; multiplication des « zones à faibles émissions » en fonction de la vignette Crit’Air ; interdiction, avancée à 2030, de la vente de voitures thermiques au Royaume-Uni ; bannissement du diesel à Copenhague (Danemark) et Oslo (Norvège) ; taxe de 15 euros par jour pour les véhicules les plus polluants à Londres ; et même interdiction, par la Californie, de la vente de voitures diesel et essence dès 2035, « la mesure la plus efficace (…) pour combattre le changement climatique », selon le gouverneur de l’Etat américain… Le vent tournerait-il, enfin, dans la bonne direction ?