D’après les négociateurs de la potentielle coalition gouvernementale allemande, le pays pourrait abandonner la poursuite de ses objectifs de réduction d’émissions de CO2 d’ici à 2020.
L’Allemagne est-elle en passe de perdre son avance en matière écologique ? Les deux partis engagés dans des négociations afin de composer une majorité présidentielle – la CDU/CSU de la chancelière conservatrice Angela Merkel et le SPD – laissent entendre que Berlin pourrait retarder la date de ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Elle s’était en effet imposée à organiser d’ici 2020 une diminution de 40% de celles-ci par rapport aux niveaux de 1990.
De fait, l’Allemagne est dans une situation délicate. Elle a commencé l’année sans gouvernement et est en même temps déchirée entre deux axes de politique environnementale : augmenter la part de sources renouvelable dans son mix énergétique et sortir définitivement du nucléaire. Le pays a réalisé des investissements colossaux dans les énergies vertes, cependant il a aussi commencé à fermer ses centrales nucléaires – peu émettrices de CO2 – dès 2011. Si Berlin veut tenir ses engagements en matière de GES, elle devra relancer certaines centrales – ce que Mme Merkel ne semble pas encline à faire.
D’après une fuite de documents organisant la coalition à venir avec les Sociaux-démocrates, le pays pourrait manquer de beaucoup ses objectifs de 2020 – avec une réduction d’émissions d’environs 32%. « Evidemment, la réduction de son emprunte carbone s’accorde ma avec le fait de brûler du charbon », souligne Sebastian Scholz, directeur du pôle politiques énergétiques chez Nature and Biodiversity Conservation Union (NABU).
Angela Merkel, que l’on avait un temps surnommé « la chancelière du climat » du fait de sa politique volontaire dans le domaine, est maintenant sous le feu des critiques. Des experts ont décrit les objectifs des documents fuités comme étant « décourageants », « problématiques » et « insuffisants ». « Cela compromet la réputation de l’Allemagne, mais aussi le processus de décarbonisation dans son ensemble » a déploré Tobias Austrup, un expert énergétique de chez Greenpeace. « Pourquoi les autres pays continueraient-ils à honorer leurs engagements si nous ne le faisons pas. »
D’autres sont cependant moins pessimistes, considérant que ça n’est qu’un retard temporaire, et que l’Allemagne pouvait encore tenir ses objectifs de réduction d’émissions de 2030 – une réduction de 55% par rapport au niveau e 1990. Mais la question se pose de savoir si les autres pays réussiront là où l’Allemagne – qui dispose de ressource techniques et financières très importantes – risque d’échouer.
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