Alors que les alertes sur le niveau des eaux souterraines se multiplient, de nombreuses nappes phréatiques affichent des niveaux « peu satisfaisants » d’après une étude réalisée par le BRGM.
En France, le manque de précipitations pendant la période hivernale fait craindre une réduction sensible des ressources d’eau souterraines. Dans un bulletin rendu public le 18 juin dernier, le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) fait le point sur la situation des ressources phréatiques dans le pays. Cet organisme public français sert de référence dans le domaine des sciences de la Terre pour la gestion des ressources et des risques du sol et du sous-sol (séismes, inondations par remontées de nappes, retrait-gonflement d’argiles, mouvements de terrain…).
Bien que la France soit bien que nettement mieux pourvu que l’immense majorité de la planète concernant les ressources en eau, elle dépend toutefois de ces nappes phréatiques pour 68 % de sa consommation d’eau potable et environ 30% pour son irrigation. De manière générale, « c’est beaucoup moins bien que l’année dernière » note Nathalie Dorfliger, directrice de programme scientifique au BRGM. Elle est toutefois « plus favorable qu’en 2017 où il y avait eu énormément de restrictions d’eau ». Le document estime que les effets du dérèglement climatique, les sécheresses devraient se multiplier. Aussi, il souligne une nécessité de faire évoluer notre gestion de l’eau.
Le constat n’est toutefois pas uniformément négatif : en raison de bonnes pluies hivernales, « les nappes des alluvions côtières de Provence-Alpes-Côte d’Azur et de Corse sont les seules à se retrouver au-dessus des moyennes de mai ». Inversement, « les nappes des alluvions du sud de l’Alsace, de Bourgogne, du Rhône amont, ainsi que la nappe des calcaires du Berry présentent des niveaux peu favorables, parfois proches des minima enregistrés pour un mois de mai ». Grace à des pluies assez abondantes début mai « de légères recharges ont été enregistrées (…) Les apports n’ont cependant pas été suffisants pour que les niveaux mensuels moyens s’orientent à la hausse ».
« Nous allons vers une diminution des précipitations alors que nous sommes confrontés à des besoins réguliers en eau potable et que la consommation de l’agriculture sera augmentation pour les mêmes raisons », souligne Nathalie Dorfliger. Afin d’aider à anticiper ces évolutions, le BRGM accompagne 25 projets de recherche « centrés sur les approches sociales économiques de l’eau ces dernières années ». Ils sont financés en partenariat avec des syndicats mixtes de gestion des eaux, de l’Agence française pour la bio diversité (ministère de la transition écologique) l’Union européenne ou encore de l’Agence nationale de la recherche.
Ils ciblent plusieurs domaines d’application : la gestion intégrée des ressources en eau à l’échelle des bassins-versants, la gestion dans le contexte urbain (eau, sols, friches industrielles), les risques naturels et le changement climatique… Dans l’immédiat, le Bureau met en garde contre un ruissellement important, ce qui pénalise l’alimentation des nappes souterraines. « Alors que l’on nous promet de températures élevées et de nouveaux orages pour les prochains jours, il est probable que les pluies estivales seront plus dévastatrices pour les sols », note Mme Dorfliger.
Aussi, il est possible que certaines régions françaises soient soumises aux restrictions d’eau dans les prochaines semaines, prévient le BRGM. Une situation qu’il faut relativiser au regard de ce qui se passe dans d’autres états membres. Ainsi « l’Espagne voit ses nappes souterraines s’assécher progressivement et le cours de certains fleuves manquent de débit de manière préoccupante » note le BGRM. Ce dernier mène en effet également des enquêtes vulnérabilité au stress hydrique dans d’autres pays, notamment, comme dans le Sud de l’Inde ou l’Atlas marocain.