
Alors que le Parlement européen prend des mesures afin d’interdire l’huile de palme, l’ambassadrice de l’UE en Malaisie a assuré que le marché européen restait ouvert à celle-ci. Qui croire ?
« Le marché européen est ouvert à l’huile de palme. Je tiens à le dire très clairement. Et l’UE est le deuxième plus grand marché pour l’huile de palme de Malaisie », a déclaré Maria Castillo Fernandez, la responsable de la délégation de l’UE en Malaisie la semaine dernière. « Pour atteindre l’objectif en matière d’énergie renouvelable, nous devrons utiliser moins de biocarburants provenant de toutes les cultures qui provoquent un changement indirect dans l’affectation des sols. L’huile de palme n’est pas particulièrement ciblée », expliqua-t-elle devant un parterre d’industriels du secteur. Un discours à des lieues des vœux pieux des élus européens qui voulaient tout simplement l’interdire en Europe.
Des propos qui font écho aux propos de l’ambassadeur de l’UE en Indonésie, Vincent Guérend, qui il y a un mois, qui expliquait que l’interdiction prévue par le Parlement européen « ne ciblera pas exclusivement ni n’interdira l’huile de palme ». D’après celui-ci, « l’UE est et reste le marché le plus ouvert pour l’huile de palme indonésienne ». L’Europe demeure en effet le deuxième plus gros acheteur d’huile de palme, après l’Inde. L’Indonésie a exporté 4,37 millions de tonnes d’huile de palme vers l’UE en 2016, selon l’Association indonésienne de l’huile de palme (Gapki), tandis que les exportations de la Malaisie ont totalisé 2,06 millions de tonnes.
Dans le même temps, Bruxelles a repoussé l’interdiction de l’huile de palme dans les biocarburants de 2021 à 2030. Pourtant, il y a encore peu, Laura Buffet, chargée de campagne pour Transport et environnement, expliquait que « la croissance ne peut venir que de carburants avancés durables tels que les biocarburants à base de déchets, et non des cultures vivrières ». D’après Dick Roche, consultant pour l’industrie de l’éthanol et ancien ministre irlandais des Affaires européennes, L’UE fait marche arrière pour pouvoir « conclure des accords commerciaux sordides ». L’annonce du parlement d’interdire totalement de l’huile de palme d’ici 2021, avait déclenché une forte réaction de l’Indonésie et de la Malaisie (ensemble 85 % de la production mondiale), qui menaçaient de prendre des mesures de rétorsion.
C’est ce qui est reproché à l’huile de palme : sa culture intensive pour l’incorporer dans l’essence provoque de graves déforestations. Les terres nécessaires à sa culture ne cessent de grignoter des hectares par centaines au détriment de la forêt tropicale en Asie, mais également de plus en plus en Afrique. En outre, cette culture affecte la qualité de l’eau, accélère l’érosion des sols et provoque d’importantes émissions de gaz à effet de serre. Une étude commandée par la Commission Européenne en 2016, menée par l’International Institute for Applied Systems Analysis, montre que les émissions provoquées par l’usage de l’huile de palme sont trois fois plus importantes que celles du diesel.