Malgré deux jours de prolongations, les pays réunis à Madrid pour le sommet de l’ONU sur le climat ne sont parvenus à s’entendre que sur un accord a minima, dimanche 15 décembre.
16 jours de négociations n’auront pas suffi à trouver un terrain d’entente sur l’épineuse question des marchés du carbone, point d’achoppement constant depuis l’accord de Paris. Aussi, les états membres de l’Organisation des nations unies (ONU) n’auront pu produire qu’un accord a minima à la sortie du sommet de Madrid, repoussant la finalisation de l’article 6 du traité sensé organiser les marchés du carbone à 2020, créant un cruel décalage entre ce que la COP promettait et ce dont elle a finalement accouché.
La président de la COP, Carolina Schmidt, représentante du Chili, a elle-même reconnu que la conférence est « restée endettée envers la planète ». D’après elle, « les accords conclus ne sont pas suffisants pour aborder la crise du changement climatique avec l’urgence nécessaire ». Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est également déclaré « déçu » par le résultat du sommet. « La communauté internationale a raté une occasion importante de faire preuve d’une plus grande ambition en matière d’atténuation, d’adaptation et de financement de la crise du climat ».
« La COP25 c’est avant tout un échec de la volonté politique, de la part de pays qui ont estimé qu’il s’agissait d’une étape peu importante avant la rencontre de Glasgow en 2020, et d’une présidence de la COP qui n’est pas parvenue à s’imposer face aux pays qui bloquaient, les Etats-Unis, le Brésil, l’Australie et l’Arabie Saoudite » estime Jennifer Tollman, conseillère diplomatique au think-tank E3G. D’autres montrent également du doigt le Canada, le Japon et l’Inde, pour ne pas avoir soutenu les pays les plus vulnérables face au changement climatique.
L’UE, à l’exception de la Pologne, a néanmoins défendu son idée de l’ambition, notamment en imposant une fin de non-recevoir à ceux qui voulaient assouplir les marchés du carbone. « Mère nature a un message pour nous : elle n’en peut plus. Le temps de la complaisance est terminé » avait prévenu Frans Timmermans. « Le contexte géopolitique n’était pas facile : la COP est quasiment la dernière instance de discussion multilatérale » constate toutefois David Levai, chercheur à l’IDDRI.
Quatre ans après l’accord de Paris, la réunion de Madrid faisait figure de test de la volonté des Etats de répondre collectivement aux mises en garde des scientifiques, qui se sont depuis multipiées. Mais pour l’ONG WWF, « les pays les plus pollueurs ont séquestré la COP25 ». Un jugement rude. « Bien qu’il ait été prévisible, compte tenu d’un contexte international très compliqué, le piètre résultat, obtenu après des heures de négociations stériles, aggrave le décalage entre les gouvernements du monde et la science, quant à la crise du climat et la nécessité d’agir de façon urgente » conclut le quotidien espagnol El País, sans appel.