Ce samedi, la France est entrée en déficit écologique, selon l’association WWF – autrement dit, les ressources naturelles que la planète peut renouveler en un an disponibles pour le pays se sont taries.
Selon un nouveau rapport du WWF et de l’ONG canadienne Global Footprint Network, la France vit désormais en situation de « dette écologique ». Les Français vivent depuis « à crédit », en entamant le capital naturel de la planète via l’extraction de ressources qui ne sont pas renouvelables et une pollution que les écosystèmes ne peuvent absorber. Si le niveau de consommation de la population française était généralisé à l’échelle de la planète, les ressources naturelles que la Terre peut procurer en an seraient épuisées.
« Si toute l’Humanité vivait comme nous, nous aurions besoin de presque 3 Terre, 2,9 pour être précis », souligne Pascal Canfin, le directeur général de WWF France. D’après ce dernier, « notre mode de vie est insoutenable au regard des ressources planétaires ». Aussi, il appelle a une prise de conscience rapide et des mesures de préservations de l’environnement : « Il faut donc engager de manière absolument urgente une stratégie de désendettement écologique, comme il existe une stratégie de désendettement financière. »
Les plus grands pays gaspilleurs comme les États-Unis, le Canada ou l’Australie commémorent leur « jour du dépassement » dès le mois de mars – la Qatar en février ! – mais la France suit ce peloton de près. Et elle ouvre le cortège des autres pays européens : cette date symbolique tombe le 7 mai pour le Royaume-Uni, le 23 mai pour l’Italie, le 15 juin pour le Portugal. Et la tendance est mondiale – bien que moins prononcée que dans les pays développés. Le « jour de dépassement » global se situait le 1er décembre en 1975 ; il est passé au 2 août en 2017.
Depuis 1961, la France a ainsi accumulé une dette écologique de 33 ans. Un constat alarmant qui repose principalement sur la consommation nationale de combustibles fossiles et donc l’émission de carbone (56 % de cette empreinte écologique) les cultures (20 %), les produits forestiers (11 %), le pâturage (5%). « Deux tiers de l’empreinte écologique d’un Français provient de son alimentation, des dépenses d’énergie de son logement et de ses déplacements », explique Pascal Canfin.
L’ONG explique pourtant qu’il n’est pas trop tard pour corriger le tie. « Les technologies sont aujourd’hui disponibles, qu’il s’agisse des véhicules électriques, de l’habitat à basse consommation, des énergies renouvelables ou de l’alimentation biologique », souligne M. Canfin. « C’est donc une question de volonté politique. Le président de la République a fait de la bonne gestion financière un élément-clé de son quinquennat. Il doit désormais mettre en place une stratégie de désendettement écologique. »