Devant les difficultés que rencontre l’aviation civile pour réduire son emprunte carbone, les initiatives se multiplient – notamment en Europe.
Le transport aérien s’est engagé à réduire de moitié leurs émissions d’ici 2050. L’Organisation de l’aviation civile internationale, qui prépare actuellement un régime de compensation et de réduction de carbone pour l’aviation internationale (CORSIA, selon son acronyme anglais). Ce mécanisme de limitation pour ses émissions carbonées, peine toutefois à aboutir. Faute de mesure suffisante, tous ses efforts pour combattre les changements climatiques pourraient être effacés par ce secteur. Le trafic devrait en effet doubler d’ici à 2050, aussi, s’il est responsable de 2 % des émissions mondiales de CO2 et ce taux devrait dépasser les 20 % à ce terme.
Aujourd’hui, la convention internationale de Chicago sur l’aviation civile internationale, ratifiée en 1944 par les 191 membres de l’Organisation internationale de l’aviation civile (OACI), interdit de taxer le kérosène. Mais 75 ans plus tard, les enjeux ne sont plus les mêmes. Aussi, cinq États membres de l’Union européenne se sont dit prêts à taxer le secteur aérien. La France, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la Suède veulent en effet des mesures européennes soutienne en effet une taxe sur le kérosène ou sur les billets d’avion.
« Aux côtés des ministres de l’Environnement belge et des Pays-Bas, j’ai dit que la France soutenait leur position qui est d’envisager plusieurs pistes pour aller plus loin sur la contribution du secteur aérien à la lutte contre la pollution et pour taxer les émissions du secteur aérien » a ainsi confirmé la Ministre de l’environnement française Brune Poirson. Le Japon, la Norvège, les États-Unis, le Brésil, la Suisse et les Pays-Bas ont déjà instauré des taxes sur le kérosène pour les vols domestiques. Des discussions sont désormais ouvertes pour porter la mesure au niveau européen.
En vue de devenir « carbo-neutre » (ne plus augmenter ses émissions de CO2 par rapport aux niveaux de 2020, sous peine de devoir les compenser), le secteur s’organise également. Les voies pour y parvenir sont nombreuses. La généralisation de nouveaux carburants décarbonés (kérosène d’origine végétale, hydrogène, motorisation hybride) semble être le principale piste actuellement explorée. Pour les modèles actuels la consommation par passager est tombée à 2,5 litres de pour 100 kilomètres, soit 80 % de moins que les appareils civils des années soixante.
« Des avions comme l’A 350 ou l’A 320 Neo consomment 15 à 20 % de moins que leurs aînés. Sans doute un peu plus avec l’amélioration de la gestion du trafic aérien. Pour autant, cela représente environ le tiers de l’effort que nous devons faire pour atteindre notre objectif à 2050 », souligne Stéphane Cueille, chargé de la recherche et de l’innovation chez Safran et président du comité de pilotage du Conseil pour la recherche aéronautique civile (CORAC) qui coordonne les recherches en la matière en France. « Au-delà de 2030, il faudra aussi trouver des ruptures technologiques fondamentales, tant sur l’architecture aérodynamique des appareils » précise-t-il toutefois.