La France risque de manquer ses objectifs climatiques d’ici 2023 d’après les pronostics du ministère de la Transition écologique. En cause : le retard pris dans le secteur des transports et du bâtiment.
La France serait mal engagée dans le virage de la transition écologique, d’après un rapport finalité le 19 juillet dernier par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Ce document de travail, rédigé dans le cadre du comité de suivi de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) et de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), doit servir de base pour repenser les trajectoires qui doivent permettre à Paris de tenir ses engagements en matière d’énergie, pour en définitive atteindre la neutralité carbone en 2050.
Afin d’accompagner le « verdissement » de sa production énergétique, la France s’était fixé un budget carbone, c’est-à-dire un volume maximum d’émissions de gaz à effet de serre à ne pas dépasser. Cependant, le ministère de la Transition écologique souligne que ce dernier ne sera pas respecté à cause, principalement, d’un retard pris dans les secteurs des transports et du bâtiment. Selon les derniers calculs de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), la France devrait émettre 18 millions de tonnes par an de gaz à effet de serre (GES) en trop pour son premier budget (2015-2018).
Les deux secteurs qui alourdissent sensiblement le bilan carbone du pays sont identifiés dans ce rapport. « Sur le secteur des transports, la principale différence avec la trajectoire de la SNBC vient du retard pris ces dernières années », souligne le Réseau action climat. En cause, la forte progression du trafic routier en raison de l’effondrement des prix des carburants, une nouvelle génération de véhicules qui consomment plus que prévu et un succès modeste des transports électriques. A propos du bâtiment, le RAC souligne que « l’objectif d’avoir la totalité des logements très bien isolés en 2050 est abandonné, avec un rythme moyen de 500 000 rénovations performantes annuelles au lieu des 700 000 nécessaires ».
Avec 458 millions de tonnes d’émissions de CO2 (MtCO2), contre 440 initialement prévus, et 422 Mt CO2 entre 2019 et 2023, contre 398 attendus, Paris accumule les retards. Le document précise toutefois que ce retard devrait être rattrapé entre 2024 et 2028 sur la planification à long terme, à condition de mettre en œuvre de nombreuses mesures supplémentaires. En revanche, en matière de baisse de consommation d’énergies fossiles (-40%) l’essai devrait être largement transformé, grâce notamment à l’arrêt programmé des centrales à charbon (-82% de consommation en 2030), et la baisse de la consommation de gaz naturel (28%).
Pour rappel, la loi sur la transition énergétique, adoptée en 2015, prévoit aussi que la consommation finale d’énergie française doit baisser de 20% en 2030 et de 50% d’ici 2050.