Le Parlement français est le premier pays européen à voter l’interdiction de tous les emballages plastique à usage unique d’ici 2040. Cette date est toutefois beaucoup trop tardive pour de nombreux défenseurs de l’environnement.
L’Assemblée nationale française a fixé la « fin de la mise sur le marché des emballages plastique à usage unique » à 2040 dans une loi votée la semaine dernière. La mesure vise tous les emballages alimentaires, flacons, bouteilles, qu’ils soient à usage domestique et industriel. S’il est définitivement adopté par le Sénat, des objectifs successifs de réduction, de réutilisation ou de recyclage seront fixés tous les cinq ans, jusqu’à mettre fin à leur mise sur le marché en 2040.
« L’Assemblée nationale vient de voter l’interdiction des plastiques à usage unique d’ici 2040. La France envoie ce soir un message puissant et concret à ses partenaires européens et au reste du monde ! », a réagi la secrétaire d’État à la Transition écologique française, Brune Poirson, qui a porté cette mesure dans le cadre du projet de loi antigaspillage pour une économie circulaire. « L’avenir à long terme du plastique ne peut pas être celui de l’usage unique » a-t-elle expliqué.
Cette mesure, si louable soit-elle, laisse totalement de côté la lutte contre le plastique à court terme d’après les ONG environnementales (et une bonne partie de l’opinion publique à en croire les réseaux sociaux). Le député écologiste européen David Cormand résume ainsi ces objections : « Vous pouvez continuer comme avant à produire et utiliser du plastique pendant une génération. » les pailles, couverts, piques à steak, coton-tiges ou touillettes en plastique seront rapidement interdits.
« Comment peut-on sortir du tout-jetable sans fixer aux industriels des quotas précis et contraignants, de réduction, de réutilisation, de recyclage ? », s’interroge Flore Berlingen, directrice de l’association Zero Waste. Précisément, la loi aurait dû sanctuariser l’existence de quotas à venir », souligne-t-elle. « Car pour réellement réduire notre production et notre consommation de plastique, il faut en passer par des mesures concrètes. »
« Il faut donc aussi réfléchir en termes d’usage », explique Flore Berlingen, « par exemple, interdire le plastique jetable dans la restauration rapide ou collective, lorsque les repas sont pris sur place ».
Pour le Ministère de la Transition, il s’agit d’éviter un changement de comportement brutal pour les consommateurs. Mais nombreux sont ceux qui estiment que ce délai à rallonge est avant tout un cadeau à l’industrie ? La mesure est, en tout cas aux antipodes des promesses électorales d’Emmanuel Macron, qui s’engageait à « tendre vers 100 % de plastiques recyclés » et « zéro plastique rejeté en mer » d’ici 2025.