Le gouvernement norvégien a présenté un texte visant à interdire les élevages de fourrure animale dans le pays d’ici 2025. Le pays exploite encore actuellement quelques 610 000 visons et 150 000 renards.
La Première Ministre norvégienne, Erna Solberg (conservatrice), a annoncé que la majorité travaillait sur un texte qui visait à mettre un point final à l’élevage d’animaux à fourrure. Ainsi, l’élevage d’animaux « voués à être tués en vue d’une vente ou d’une quelconque utilisation de leur fourrure » devrait progressivement prendre fin entre 2020 et 2025. Le texte prévoit toutefois des indemnisations financières pour les acteurs de ce secteur – 500 millions de couronnes (46 millions d’euros).
Cette annonce est avant tout une décision politique : il s’agit d’une des conditions imposées par le parti-libéral au gouvernement pour intégrer sa coalition, en janvier 2018. Elle fait également écho à une volonté populaire, 68 % de la population norvégienne étant opposé à cette industrie. Dans le même temps, l’industrie du luxe, un temps friande de fourrures leur avait progressivement tourné le dos, sous la pression des défenseurs de la cause animale.
Ces dernières années, Jean-Paul Gaultier, mais aussi les maisons Armani, Versace, Gucci, Ralph Lauren, Calvin Klein ou encore The Kooples, ont dénoncé « la façon absolument déplorable » avec laquelle les animaux sont tués pour satisfaire le monde de la mode.
Il s’agit donc également d’une décision économique. Plus largement, les fermes norvégiennes exploitent actuellement environs 610 000 visons et 150 000 renards. Si ce chiffre parait important, il fait toutefois le mettre en perspective : depuis 2013, la Norvège ne représente plus que 3 % du marché des peaux vendues dans le monde. Aussi, s’ils ont historiquement été des acteurs importants du commerce de fourrure, les pays du nord de l’Europe ont depuis cédé la pole position à la Chine (69 % du marché mondial).
Ajoutons qu’aujourd’hui la production de fourrure de la Norvège est destinée à de l’export à près de 99% – principalement vers la Russie et la Chine. Le secteur dans son ensemble ne représente plus que 400 employés, travaillant dans quelques 200 fermes réparties sur tout son territoire. Sept des neuf formations politiques du pays se sont déjà prononcées en faveur de l’interdiction, et l’adoption du texte est donc acquise.
La Norvège n’est pas le premier pays à interdire l’élevage des animaux pour leur fourrure. Elle l’est au Royaume-Uni depuis le début des années 2000 et en Autriche depuis une dizaine d’année. Elle devrait être effective aux Pays-Bas en 2024. L’Allemagne a voté l’interdiction en 2017, tout comme la Tchéquie.